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Gouvernement

"Restitution" du grand débat national: semaine capitale pour le gouvernement

Les membres du gouvernement se rendent à pied à l'Elysée pour assister au premier Conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2019

Les membres du gouvernement se rendent à pied à l'Elysée pour assister au premier Conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2019 - Ian LANGSDON / POOL / AFP

Ce lundi, l'exécutif démarre cette séquence à haut risque au Grand Palais, où ministres et "garants" du grand débat doivent en synthétiser les enseignements.

Il s'agira d'un moment de vérité pour ce gouvernement. Ce lundi doit s'ouvrir, au Grand Palais à Paris, la séquence dite de "restitution" du grand débat national par l'exécutif. Un moyen, pour celui-ci, de tirer tous les enseignements d'un processus démocratique inédit et incertain, au surlendemain de la 21e journée de mobilisation des gilets jaunes

Selon un protocole préétabli, plusieurs ministres, les cinq "garants" du grand débat, des citoyens, des représentants d'associations et partenaires sociaux, ainsi que des élus et des directeurs d'administration seront réunis sous la verrière du Grand Palais pour assister à cette synthèse gouvernementale. 

Wargon et Lecornu ouvrent le bal

Deux ministres très présents sur le terrain depuis deux mois et demi, Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu, ouvriront la séquence en parlant environ un quart d'heure chacun. La restitution, dont l'ouverture est prévue à 9 heures, doit s'achever aux alentours de 12h30. 

D'après les comptages officiels, plus de 1,5 million de personnes ont participé directement au grand débat national: un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10.000 réunions locales, un tiers dans les 16.000 cahiers de doléances ou par courrier libre. 

Aux quatre thèmes fixés mi-janvier par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français - écologie, impôts, services publics, démocratie - se sont ajoutés d'autres qui ont spontanément émergé dans la consultation: la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D'autres sujets, comme l'immigration, sont curieusement restés en retrait (au vu de ce que montrent certains sondages en la matière).

D'après notre récent sondage "L'Opinion en direct", 8 Français sur 10 estiment que le grand débat ne dénouera pas la crise politique que traverse le pays depuis l'automne.

Demande "massive" de baisse d'impôts 

Le risque, pour le gouvernement, est de ne sembler retenir que ce qui l'arrange. La synthèse sera "représentative de la diversité des points de vue exprimés" dans le grand débat, a assuré Emmanuelle Wargon.

"Toutes les analyses" seront mises en ligne en parallèle, en gage de "transparence", a-t-elle déclaré.

Après les propos liminaires des deux ministres, ce sera au tour des organismes missionnés pour cette "restitution" (le sondeur OpinionWay, les cabinets Roland Berger, Res Publica et Missions Publiques) de donner les résultats concrets du grand débat. Le Premier ministre Édouard Philippe doit conclure cette série d'interventions avec une prise de parole d'environ trois quarts d'heure.

"Le centre de l'événement, c'est la parole des Français", veut insister Matignon. 

Les contributions font apparaître une demande "massive" de baisse d'impôts, avec une priorité accordée à la TVA puis l'impôt sur le revenu, selon une source gouvernementale. Le flou est beaucoup plus grand quant aux dépenses à baisser, même si les contributeurs avancent les pistes de la défense ou du logement. 

Séquence Parlement

Mardi et mercredi, le chef du gouvernement doit s'exprimer devant l'Assemblée nationale puis le Sénat. Il doit y révéler ce que l'exécutif retient du grand débat national et les "thèmes" qu'il souhaite privilégier, les "orientations" qu'il compte fixer. Édouard Philippe a déjà promis des "solutions puissantes" et évoqué un travail à venir avec "les corps intermédiaires" et "les élus locaux".

Le verdict reviendra alors mi-avril à Emmanuel Macron, au terme d'un tour de France en 80 jours et plus de 92 heures de débats, la plupart retransmis en direct. Les mesures seront vraisemblablement distillées jusqu'à l'été. Le président a promis de répondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou.

Le Parlement devrait d'ailleurs prendre sa part à cette "restitution", sans doute à partir de la semaine du 15 avril. Notamment l'Assemblée nationale, où le groupe La République en marche et son allié le MoDem comptent s'impliquer dans la rédaction de textes législatifs - soit par voie d'amendement, soit par des propositions de loi - censés intégrer certaines demandes populaires. 

Jules Pecnard avec AFP