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Rabbin agressé à Orléans: Bruno Retailleau pointe l'antisémitisme de "l'extrême gauche"

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le 7 février 2025 à Lognes, près de Paris

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le 7 février 2025 à Lognes, près de Paris - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a pointé lundi au cours d'un déplacement à Belfort le "double visage" de l'antisémitisme, celui "de l'islamisme" et celui de "l'extrême gauche", après l'agression samedi d'un rabbin à Orléans. Un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme contredit ce point de vue.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a pointé lundi au cours d'un déplacement à Belfort le "double visage" de l'antisémitisme, celui "de l'islamisme" et celui de "l'extrême gauche", après l'agression samedi d'un rabbin à Orléans.

"L'antisémitisme a muté"

"Il y a un énorme problème aujourd'hui", a déclaré à la presse Bruno Retailleau en référence à un "retour de l'antisémitisme", qu'il faut "combattre pied à pied". Il a évoqué une multiplication par "plus que trois" des actes antisémites depuis l'attaque du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas en Israël.

"Les juifs représentent moins de 1% de la population nationale. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60%" des agressions religieuses, a souligné le ministre de l'Intérieur.

"Mais cet antisémitisme, il a muté. Autrefois, il était d'abord le fait de l'extrême droite. Aujourd'hui, c'est résiduel", a-t-il assuré.

"Il a désormais un double visage. Le visage de l'islamisme, qui est finalement un peu ce qu'était le fascisme d'hier, un catalyseur de la haine antisémite. Et un autre visage, celui de l'extrême gauche qui, sous couvert de l'antisionisme, attise les braises de l'antisémitisme".

Un antisémitime principalement présent à l'extrême droite

Le ministre a pointé "l'énorme responsabilité" des "Insoumis", brocardant notamment la député européenne LFI Rima Hassan. "Quand Madame Rima Hassan déclare sur une radio nationale qu'elle trouve que le Hamas, qui est un mouvement terroriste, est légitime, quand on sait ce qu'ils ont fait, on tombe des nues", a-t-il déclaré.

Son analyse, sur une supposée mutation de l'antisémitisme, est contredite par un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), agence publique chargée de l'évaluation de la politique de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie depuis 1990 .

Dans ce document, publié le 27 juin 2024, on peut lire qu'il "existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment. Mais à un niveau inférieur à la moyenne de l’échantillon, et sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national."

"Péril d'extrême gauche"

Après avoir dit sa "solidarité" avec le rabbin en dénonçant une agression "insupportable", le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, a réfuté toute accointance avec l'antisémitisme alors que le patron du RN Jordan Bardella a dénoncé ce lundi sur BFMTV "un péril d'extrême gauche".

"Dois-je vous rappeler que madame Le Pen dirige un parti qui a été fondé par des collabos? Dois-je vous rappeler que siège à l’Assemblée nationale sur les bancs à côté de madame Le Pen, un député, monsieur Boccaletti, qui avant d’être député tenait une librairie dans laquelle on vendait des ouvrages négationnistes et antisémites", a avancé Manuel Bompard sur France 2.

Marche silencieuse

Le rabbin d'Orléans Arié Engelberg rentrait chez lui accompagné de son fils de neuf ans quand il a été agressé samedi.

Une enquête a été ouverte pour "violences volontaires commises en raison de l'appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion".

Un adolescent, soupçonné d'être l'auteur de l'agression, a été interpellé samedi soir et placé en garde à vue. Une marche silencieuse "en soutien au rabbin" et "contre l'antisémitisme" est prévue mardi à 18h à Orléans.

Dimanche, le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé le "poison" de l'antisémitisme, en promettant de ne céder "ni au silence ni à l'inaction".

MPB avec AFP