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"Un antisémitisme d'atmosphère": Bardella dénonce un "péril de l'extrême gauche" après l'agression du rabbin d'Orléans

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Deux jours après l'agression du rabbin d'Orléans, Jordan Bardella cible à nouveau LFI, alors que le RN, ex-FN dont le fondateur Jean-Marie Le Pen est multicondamné pour antisémitisme, cherche à parachever sa normalisation vis-à-vis de la communauté juive.

"Un acte d'antisémitisme d'atmosphère qui se diffuse dans notre pays". C'est ainsi que Jordan Bardella décrit sur BFMTV-RMC ce lundi 24 mars la violente agression en pleine rue du rabbin d'Orléans intervenue deux jours plus tôt, qui a fait l'objet d'une condamnation unanime de la classe politique.

Le président du Rassemblement national reprend d'abord la réaction d'Emmanuel Macron, avançant que l'antisémitisme est "un poison". Avant d'imputer une part de responsabilité à La France insoumise, un mouvement qui est "tomb(é) dans l'indignité" depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, selon lui.

"Un mouvement politique qui fait le choix d'alimenter le communautarisme"

"On voit bien que certains cherchent à importer sur ce sol non seulement le conflit israélo-palestinien mais également toutes les haines qui y sont associées", lâche l'élu d'extrême droite. Face à "cet antisémitisme d'atmosphère", il parle ainsi de "deux périls", celui du "totalitarisme islamiste" et de "l'extrême gauche".

"Quand je vois il y a quelques jours, des affiches de La France insoumise, qui rappellent les années 30, allant jusqu’à caricaturer (l'animateur, NDLR) Cyril Hanouna, on se dit que l’on a non seulement un antisémitisme qui se diffuse, des relais, des militants, mais en plus un mouvement politique qui fait le choix d’alimenter le communautarisme et le discours de haine à l’égard de nos compatriotes de confession juive", dénonce Jordan Bardella.

Concernant ce visuel présumé antisémite et retiré depuis, divers responsables de LFI ont admis une "erreur" ou une "maladresse", avançant que l'image a été générée par l'intelligence artificielle. Pour autant, le fondateur du mouvement Jean-Luc Mélenchon a balayé la polémique par un tonitruant "taisez-vous" adressé au journaliste qui l'interrogeait dimanche 16 mars.

Coordinateur de LFI, Manuel Bompard a répondu aux accusations de l'extrême droite ce lundi sur France 2. Et plus particulièrement à Marine Le Pen, qui a jugé en marge de l'agression du rabbin d'Orléans que "depuis des mois", le parti de gauche radicale "met une cible dans le dos de nos compatriotes juifs."

Après avoir dit sa "solidarité" avec le rabbin en dénonçant une agression "insupportable", le député des Bouches-du-Rhône a considéré que la leader du RN "est bien mal placée pour donner des leçons de racisme ou de lutte contre l’antisémitisme". Et de poursuivre:

"Dois-je vous rappeler que madame Le Pen dirige un parti qui a été fondé par des collabos? Dois-je vous rappeler que siège à l’Assemblée nationale sur les bancs à côté de madame Le Pen, un député, monsieur Boccaletti, qui avant d’être député tenait une librairie dans laquelle on vendait des ouvrages négationnistes et antisémites."

"Le RN n'est plus le FN"

Depuis des années, le RN cherche à se normaliser vis-à-vis de la communauté juive, alors que les saillies antisémites de Jean-Marie Le Pen ont alimenté des décennies de défiance.

De même que d'autres éléments récents, comme les derniers candidats du parti d'extrême droite aux législatives, l'une s'étant illustrée en s'affichant avec une casquette nazi, quand une autre s'est défendue de tout antisémitisme en indiquant avoir "comme ophtalmo un juif".

Au micro de BFMTV-RMC, Jordan Bardella renvoie l'antisémitisme au passé: "Le Rassemblement national n’est plus le Front national", dit-il, rappelant la rupture entre Jean-Marie Le Pen et sa fille, qui l'avait exclu en 2015 du parti à la flamme.

Cette année-là, le Menhir avait réaffirmé ses propos tristement célèbres qualifiant les chambres à gaz de "détail de l'histoire", et également refusé de "considére[r] le maréchal Pétain comme un traître".

Pour autant, en novembre 2023, ce même Jordan Bardella disait sur BFMTV "ne pas croire que Jean-Marie Le Pen était antisémite", alimentant l'ambiguïté de son parti, avant de plaider une forme de "maladresse" sans revenir totalement sur ses propos.

Bardella à Jérusalem

En preuve de la bonne conduite de son parti, le patron du RN rappelle sur BFMTV-RMC qu'il s'envolera ce mardi pour Israël où il doit notamment participer à une conférence sur la lutte contre l'antisémitisme après une invitation du très droitier ministre israélien des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli.

Un gage de reconnaissance aux yeux de l'extrême droite, qui sera également représentée par Marion Maréchal, qui s'était rapprochée de sa tante Marine Le Pen lors des dernières législatives. Une Le Pen et un président du RN en Israël, ce sera une première.

Président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi a pris ses distances ce lundi sur RMC, déclarant: "Cette invitation est le fait d'Israël qui fait ses propres choix politiques. Elle n’engage pas les institutions juives de France car (leur) position historique, et du Crif en particulier, a toujours été une méfiance."

Et d'ajouter: "Aujourd’hui, on sent bien que ce sujet est instrumentalisé pour mettre en scène un Rassemblement national nouveau dans une stratégie de conquête du pouvoir."

Baptiste Farge