Loi Duplomb: Agnès Pannier-Runacher souhaite la tenue d'un nouveau débat centré sur "la science et la rationalité"

La ministre française de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, quitte le conseil des ministres hebdomadaire à l'Elysée, à Paris, le 13 novembre 2024. - Ludovic MARIN / AFP
Deux millions de signatures contre la loi Duplomb, une opposition difficile à outre-passer. Face au succès de la pétition demandant l'abrogation du texte autorisant notamment la réintroduction sous condition dans l'Hexagone de l'acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe, l'idée de la tenue de nouvelles discussions se consolide.
Au micro de France Inter ce mercredi 30 juillet, la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher a indiqué être favorable à un nouveau débat sur la loi Duplomb.
"Je suis favorable à la conduite de ce débat et à ce qu’on redise quels sont les éléments scientifiques dans la pièce, parce qu'on est allé très loin d'un côté comme de l'autre pour surargumenter pour ou contre la loi Duplomb", dit-elle.
Et d'ajouter: "Je souhaite remettre de la science et de la rationalité dans le débat."
La ministre a également réitéré sa volonté de faire appel à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour "dire de quoi il est question" et "quels sont les risques".
Des "nuances" oubliées dans le débat public
En mai dernier, la ministre de la Transition écologique affirmait déjà que l'acétamipride était un "perturbateur endocrinien". Encore aujourd'hui, elle assume être pleinement contre la réintroduction des néonicotinoïdes en France.
"Je rappelle que le gouvernement lui-même avait déposé un amendement de suppression de cette mesure de réintroduction des néonicotinoïdes au Sénat, qui rappelait les doutes que nous avions sur l'impact de perturbateurs endocriniens", dit Agnès Pannier-Runacher.
Toutefois, elle n'est pas entièrement contre à la loi Duplomb telle qu'elle a été votée. Sur France Inter, la ministre appelle par ailleurs à éviter la démesure. "Cette loi restreint très fortement cette mesure de réintroduction. Cette nuance, on ne l'entend nulle part", déclare-t-elle.
Elle assure qu'aucun effondrement de l'agriculture ne découlera de la loi Duplomb et que le texte ne déclenchera pas "des milliers de morts de cancers pédiatriques". Des arguments "honteux" et "faux", qui font partie du débat public aujourd'hui, ce qu'elle regrette.
"Je suis d'accord avec le doute, mais ce que je trouve dangereux dans le débat public, c'est qu'on remette en cause ce que raconte l'autorité de référence européenne", a-t-elle insisté.
Le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur ce texte très controversé le 7 août prochain. Plusieurs dispositions pourraient contrevenir aux principes de la Constitution, à commencer par "le droit à un environnement sain" et "la garantie de la protection de la santé".