INFO BFMTV. "Exactement le contraire": l'entourage de François Bayrou dément tout "défaut d'action" sur Bétharram

Le Premier ministre François Bayrou le 25 juin 2025 à l'Assemblée nationale à Paris - Thomas SAMSON © 2019 AFP
François Bayrou de nouveau pointé du doigt dans l'affaire Bétharram. Les députés qui ont enquêté sur les violences en milieu scolaire après le scandale reprochent dans leur rapport publié ce mercredi 2 juillet un "défaut d'action" de la part du Premier ministre à l'époque, qui a pu laisser les violences "perdurer".
L'entourage du Premier ministre assure auprès de BFMTV que c'est "exactement le contraire".
"François Bayrou a organisé une inspection"
"François Bayrou a organisé une inspection dès le lendemain du jour où est apparue une plainte pour une gifle. Cette inspection a eu lieu. Elle a donné lieu à un rapport élogieux pour l’établissement", abonde son entourage précisant que ce rapport est facilement trouvable "en ligne sur Bayrou.fr."
"La commission a refusé de suivre Monsieur Vannier qui souhaitait le mettre en cause. Aucun ministre après lui n’a organisé de contrôle de vérification ou d’inspection", rappelle l'entourage du Premier ministre.
Dans le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, les auteurs Paul Vannier (La France insoumise) et Violette Spillebout (Renaissance) écrivent qu'à "défaut d'action" que François Bayrou avait "les moyens d'engager", alors qu'il était "informé" quand il était ministre de l'Education nationale et président du conseil général, ces violences "ont perduré pendant des années".
Le parquet de Pau enquête actuellement sur près de 200 plaintes pour des faits de violences physiques et sexuelles et de viols survenus dans l'établissement privé Notre-Dame-de Bétharram des Pyrénées-Atlantiques et s'étalant sur plusieurs décennies.
Une inspection défendue par François Bayrou lui-même
Le Premier ministre s'était expliqué longuement devant la commission d'enquête le 14 mai dernier avant de publier un tas de documents, parfois déjà publics, sur le site Bayrou.fr. précédemment cité, pour appuyer ses propos et prouver "l'inanité" qui le vise à ses yeux. Il avait notamment défendu ce rapport d'inspection académique, diligenté en avril 1996, après la révélation par la presse de 3 plaintes déposées dont une pour coups et blessures volontaire et une autre pour traitement inhumain et dégradant visant un surveillant de Bétharram.
Le fait d’avoir commandé cette enquête au rectorat de Bordeaux est utilisé par le centriste pour affirmer qu'il a pris les mesures qui s'imposaient. Mais les conditions de cette inspection, ainsi que les conclusions qui en ont été tirées, ont interrogé les corapporteurs de la commission d'enquête Violette Spillebout et Paul Vannier.
Auditionné par la commission d'enquête, l'inspecteur en charge de ce travail Camille Latrubesse a expliqué avoir été envoyé seul dans cet établissement, y avoir passé une journée, et avoir dû rendre son rapport en quelques jours. Dans le rapport transmis par François Bayrou, on peut lire que 10 entretiens ont été effectués principalement avec des professeurs, les élèves eux ayant été peu sollicités.
"Franchement, si on considère que c’est traité par-dessus la jambe, je trouve moi, que c’est une vraie vérification", a jugé François Bayrou devant la commission.
En conclusion, le rapport académique affirmait que "Bétharram n'est pas un établissement où les élèves sont brutalisés".
Cette affaire touche personnellement le Premier ministre. Son épouse a enseigné le catéchisme et plusieurs de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement catholique situé près de sa ville de Pau. François Bayrou a présidé le département des Pyrénées-Atlantiques, en charge de la protection de l'enfance, de 1992 à 2001, et occupé les fonctions de ministre de l'Éducation de 1993 à 1997.
Selon Paul Vannier, François Bayrou avait "connaissance" de ces violences
Dans le rapport parlementaire, seul Paul Vannier considère que le chef du gouvernement a "menti" lors de ses plus de cinq heures d'audition devant la représentation nationale "en niant toute information au sujet de ces violences". Mensonge qui "pouvait viser à dissimuler (son) inaction" alors qu'il était "informé de faits de violences physiques dès 1996", date de la première plainte pour violence physique, "et de faits de violences sexuelles dès 1998", quand un ancien directeur de l'établissement, le père Silviet-Carricart, est mis en examen pour viol.
Toujours selon l'élu LFI, François Bayrou avait "connaissance" de ces violences puisqu'il avait commandé en 1996 ce fameux rapport et qu'il avait rendu visite au juge d'instruction Christian Mirande en 1998 "expressément pour l'interroger" sur la mise en examen du père Carricart.
Si la commission d'enquête relève que le Premier ministre n'a pas suffisamment agi contre ces violences, elle ne devrait pas saisir la justice. Sa présidente socialiste Fatiha Keloua-Hachi a jugé insuffisamment fondée la demande de signalements à la justice de Paul Vannier, qui suspecte de "faux témoignages" trois personnes dont François Bayrou.