"Il faut se préparer": Élisabeth Borne invite les enfants à réfléchir "dès la maternelle" à leur futur métier

Élisabeth Borne dans une école à Rueil-Malmaison le 28 mars 2025 - Thomas SAMSON / AFP
Des propos qui peuvent surprendre. L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne, en charge de l'Éducation nationale dans le gouvernement de François Bayrou, appelle à réfléchir à la question de l'orientation scolaire dès la petite enfance.
"Il faut se préparer, très jeune, enfin dès le départ, presque depuis la maternelle à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain", a jugé l'ancienne locataire de Matignon ce lundi sur LCP.
Quand Macron évoquait l'orientation "dès la 5e"
Avec un argument à l'appui: les chiffres de la réorientation en France. "On a près d'un million d'élèves inscrits sur Parcoursup", la plateforme nationale d'inscription dans l'enseignement supérieur après le bac "dont 200.000 en réorientation", a encore asséné la ministre de l'Éducation nationale.
Faut-il voir dans les mots d'Élisabeth Borne sa volonté d'orienter de façon précoce les jeunes? Le collège unique est apparu en 1975, abandonnant de fait l'orientation de certains enfants vers des filières techniques dès la fin de la 5e. L'entourage de la ministre de l'Éducation nationale assure qu'aucune mesure de ce type n'est cependant d'actualité.
"Ce qu'elle voulait dire, c'est que l'Éducation nationale doit donner confiance aux plus jeunes et qu'aucun d'entre eux ne doit se fermer des portes", explique l'une des membres de son cabinet à BFMTV.com.
La question avait fait débat pendant la dernière campagne présidentielle. Lors d'un déplacement à Fouras en mars 2022 (Charente-Maritime), Emmanuel Macron avait évoqué "l'alternance, l'apprentissage et l'orientation dès la 5e".
L'école "doit donner confiance aux plus jeunes"
Sommé de s'expliquer après des critiques de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet, le chef de l'État avait semblé rétropédaler sur France inter quelques jours plus tard, expliquant "qu'à 12 ans, il fallait permettre à des jeunes de connaître des métiers". "C'est-à-dire permettre aux régions, aux entreprises, de venir quelques heures" dans les écoles, avait encore précisé le président.
Et l'entourage d'Élisabeth Borne de citer un exemple régulièrement utilisé par la ministre elle-même diplômée de Polytechnique: celui de l'enseignement des mathématiques. Alors qu'à l'entrée en cours préparatoire (CP) les filles ont le même niveau de mathématiques que les garçons, elles décrochent en moyenne dès le milieu de l'année.
"Stéréotypes" sur l'enseignement des maths
Sans facteur biologique ou génétique expliquant ce décrochage aussi soudain que général, une note de l'Institut des politiques publiques "interroge sur le poids des stéréotypes de genre qui pèsent sur les élèves", et "suggère que ceux-ci diffusent tôt et très largement dans la société".
En 2021, les femmes représentaient à peine un tiers des diplômés dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.
"On veut accompagner les enfants dès leur plus jeune âge pour qu'il n'y ait pas de biais, qu'on ne puisse pas se dire que les mathématiques ne sont pas tout le monde", précise encore le cabinet d'Élisabeth Borne.
Depuis son arrivée rue de Grenelle, la ministre de l'Éducation nationale a lancé une concertation sur l'orientation dont les conclusions lui seront remises dans les prochaines semaines.
"Quand on a un parcours de vie difficile, ce qui est mon cas, et qu'il vous arrive des événements pas très agréables dans votre vie personnelle, les sciences et les choses logiques ont un côté rassurant. Cela m'a attirée", avait expliqué Élisabeth Borne devant des jeunes du Conseil municipal des Mureaux quelques jours après sa nomination à Matignon au printemps 2022.