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ÉDITO - "Restitution" du grand débat national: "Il faut dire la vérité sur l'état de la France"

Le Premier ministre doit conclure la séance de "restitution" organisée au Grand Palais ce lundi à Paris.

Le Premier ministre doit conclure la séance de "restitution" organisée au Grand Palais ce lundi à Paris. - BFMTV

BAROMÈTRE DES ÉDITORIALISTES - Christophe Barbier et Laurent Neumann analysent la phase de "restitution" du grand débat national, séquence périlleuse entamée par le gouvernement.

C'est une marche que les membres du gouvernement d'Édouard Philippe ne peuvent se permettre de rater. Ce lundi, l'exécutif a entamé la séquence de "restitution" du grand débat national, censée lui permettre de synthétiser les nombreuses demandes émanant d'une partie des Français.

Ouverte à 9 heures, la grand-messe organisée au Grand Palais, à Paris, doit s'achever par un discours du Premier ministre long d'environ trois quarts d'heure. Édouard Philippe doit également prendre la parole à l'Assemblée nationale puis au Sénat. Quant au président Emmanuel Macron, il devrait faire des annonces concrètes d'ici la mi-avril.

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>> Christophe Barbier: "Il s'agira de dire ce qui ne va pas en France, selon les Français"

"Le gouvernement est responsable devant le Parlement et c'est devant le Parlement qu'il fallait faire ces annonces. [Édouard Philippe] y va mardi et mercredi, il aurait pu commencer par le Parlement, ou bien rassembler, lui aussi, des élus locaux. Ou bien des Chambres de commerce, d'industrie, d'artisanat... C'aurait été une meilleure façon. Le point positif, c'est qu'il va y avoir beaucoup de responsables de l'administration. C'est l'État qui va devoir mettre en œuvre les résolutions qui sortiront du grand débat." 

"Faire ça au Grand Palais, c'est près des Champs-Élysées, le champ de bataille des gilets jaunes, mais on aurait pu trouver lieu moins solennel. Peut-être que le symbole, c'était de voir que le Grand Palais, quand on l'a construit en 1896 pour l'Exposition universelle de 1900, on n'a pas su choisir l'architecte. Donc on en a pris plusieurs, on leur a dit 'travaillez ensemble'. C'est une bonne méthode pour essayer de rebâtir la France."

"Édouard Philippe fait un diagnostic partagé: 10.000 réunions publiques, 16.000 cahiers de doléances, 1,9 million de contributions... Tout cela mérite d'être brassé, classé, résumé, hiérarchisé. Le travail du Premier ministre va être de dire ce qui ne va pas en France, selon les Français. Il s'agit de rendre aux Français leurs copies, après tous ces mois de grand débat. C'est plus que préparer le terrain pour Emmanuel Macron. Lui, ce sera les solutions, les propositions. Ce sera plus important."

"Pour éviter les déçus, il faut dire la vérité sur l'état de la France, il faut responsabiliser les gens, leur dire que ce sera à eux de faire leurs choix ou leurs sacrifices. Et il faut dire qu'on reviendra devant le peuple, il faut qu'il y ait un horizon référendaire sur tout ou partie de ces mesures."

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>> Laurent Neumann: "Il y a des suspicions sur ce grand débat"

"Le président de la République l'a dit, il ne va pas y avoir 66 millions de réponses à chacune des revendications des Français. Cela n'est pas possible. Il ne va pas non plus s'adresser aux gilets jaunes. Il va prendre en compte ce qu'il y a dans ces revendications pour essayer de dresser, au fond, un deuxième projet présidentiel. Toute une série de mesures qui vont permettre de poursuivre le quinquennat, et même sans doute au-delà, avec Emmanuel Macron ou avec quelqu'un d'autre."

"Le Premier ministre n'est pas là uniquement pour faire un diagnostic. Il est là pour faire taire les suspicions, parce qu'il y a des suspicions sur ce grand débat. Certains s'interrogent, se disant qu'au fond, c'est l'exécutif qui choisit de retenir ce qui l'arrange. Cette restitution est-elle transparente, neutre, de bonne foi?"

"À Saint-Brieuc, le chef de l'État a dit, 'ni reniement, ni entêtement'. Une fois que vous avez dit ça, vous n'avez rien dit, parce qu'on ne fait une politique avec du 'ni-ni'. Il faudra bien trancher et choisir."

"La vraie interrogation, elle est sur la politique fiscale, et quand vous mettez sur la table tout ce que les ministres ou la majorité ont dit, vous faites votre marché, parce que c'est parfois à n'y rien comprendre. Certains veulent baisser l'impôt sur le revenu, toiletter les niches fiscales, augmenter l'IFI, ce que le Premier ministre ne veut pas, d'autres voudraient rétablir l'ISF, le ministre Darmanin annonce la suppression de la redevance... Tout est sur la table, mais il va y avoir à côté de ça des mesures symboliques liées à la démocratie. Je ne vois pas comment on ne peut pas passer par un référendum sur les institutions."

Jules Pecnard