Cumul des mandats: comment Bayrou a changé son fusil d'épaule

Le Premier ministre et maire de Pau François Bayrou, le 16 décembre 2024 au conseil municipal de Pau (Pyrénées-Atlantiques). - Gaizka IROZ
Maintenant qu'il est Premier ministre, François Bayrou compte bien rester maire de Pau. Une position qui lui vaut sa première polémique, quatre jours seulement après sa nomination à Matignon. Comme son éphémère prédécesseur, François Bayrou considère aujourd'hui qu'il faut en effet revenir sur l'interdiction de cumuler un mandat de parlementaire avec celui d'exécutif local.
"On s’est trompé en [rendant] incompatibles les responsabilités locales et nationales, c’est une erreur (…) Pour les membres du gouvernement, c’est autorisé, pour les parlementaires, non. Je pense qu’il faut que ce débat soit repris", a déclaré le Premier ministre devant le conseil municipal de Pau, dont il est maire depuis 2014.
Déjà en 2022, il affirmait que l’interdiction de cumul des mandats, en vigueur depuis François Hollande en 2014, avait "rompu tout lien entre la démocratie locale et la démocratie nationale" et déplorait une "perte d'influence" des élus locaux dans les débats nationaux, "où leur expérience serait précieuse".
Si la loi n'interdit pas aux membres du gouvernement de cumuler les fonctions, mais seulement aux députés et sénateurs, il est d'usage que les Premiers ministres abandonnent leurs fonctions de maire, comme l'avaient fait avant lui Jean Castex ou Édouard Philippe.
D'autant que François Bayrou a déjà, par le passé, indiqué qu'il était contre la multiplication des casquettes exécutives.
"Principe du mandat unique"
Dès le début de sa carrière, François Bayrou s’affiche contre le cumul des mandats, évoquant notamment des temps de trajets trop longs que les différentes casquettes pouvaient impliquer, ne permettant pas de se consacrer pleinement à la tâche dans chacun des mandats.
Une position qu’il défend de nouveau dans les années 2000. François Bayrou va même jusqu’à prôner l’interdiction du cumul des mandats pour les députés.
"La République nouvelle doit adopter le principe du mandat unique pour les députés de la nation", assurait-il deux ans plus tôt dans un colloque.
"Je connais les joies et les richesses du cumul républicain. Je ne les sous-estime pas. J'ai été président de Conseil général en même temps que député, et même ministre, pendant des années, presque dix ans. J'ai beaucoup aimé cela. Naturellement, c'était exténuant, mais intéressant, enrichissant. Simplement, ce n'est plus le temps que nous vivons", détaille-t-il en 2005.
Il persiste et signe en 2012, lors de sa troisième candidature à la présidence de la République et inscrit dans son programme qu'il souhaite "mettre fin au cumul du mandat et d'une fonction locale pour les députés, le limiter pour les sénateurs". Une position qui, semble-t-il, a de nouveau évolué aujourd'hui.