"Cela ne nous fera pas reculer": l'exécutif croit encore en sa réforme malgré la forte mobilisation

Elisabeth Borne et Emmanuel Macron, le 12 décembre 2022, au Conseil national de la refondation - GONZALO FUENTES / POOL / AFP
À l'issue de cette deuxième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, il n'est pas question de paniquer du côté de l'exécutif.
"Il y a plus de monde, c'est vrai, mais ce n'est pas exponentiel", constate un dirigeant de la majorité à BFMTV. Un ministre ajoute: "Le succès du 19 janvier explique ce mouvement vers l'avant."
En effet, selon la police, 1,272 million de manifestants ont été recensés aujourd'hui en France, contre 1,12 million le 19 janvier. Quelques minutes plus tôt, la CGT a annoncé avoir dénombré 2,8 millions de personnes dans les rues, soit 800.000 de plus que douze jours auparavant.
Alors, la stratégie du gouvernement consiste à faire de cette deuxième journée de mobilisation un non-événement et surtout ne pas dramatiser. "Je ne suis pas surpris par les chiffres, c'était prévu. Mais la réforme ne semble pas de nature à provoquer un mouvement social apolitique populaire dans l'esprit de celui des gilets jaunes", confie un cadre de la majorité.
"On a un point d'alerte, nuance toutefois un conseiller, ce sont les profils des manifestants. Il y a des Français qui ne sont pas d'habitude dans les cortèges."
Le scénario noir exclu
Malgré tout, au sommet de l'État, personne ne croit au "scénario noir" et chacun est à la recherche du moindre motif d'espoir.
D'abord, en regardant les chiffres de grévistes chez les fonctionnaires. "Vu que ce nombre baisse, ce serait difficile pour eux d'enclencher une grève reconductible. S'il y a une grande manif tous les dix jours, cela ne nous fera pas reculer", croit savoir une source gouvernementale.
"Le sujet pour nous, ce sont les grévistes, et donc le risque de blocage. Et là ça baisse", abonde encore un conseiller.
Autre motif d'espoir: le calendrier. Tous les regards vont désormais se porter sur l'Assemblée. "La suite se passe au parlement. S'il y a un vote, ça nous sauve", espère un député.
"Interrogations et doutes"
Ce second point explique le tweet d'Élisabeth Borne ce mardi soir, qui insiste sur les débats politiques: "La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap: assurer l’avenir de notre système par répartition."
Après avoir perdu la bataille de l'opinion publique et celle des syndicats, l'exécutif se raccroche donc à une branche: celle de l'Assemblée.
Une branche fragile, car, aujourd'hui, un vote des députés en faveur de la réforme semble de moins en moins assuré.