"Ce n’est pas le taux d’impopularité qui fait qu’on démissionne": François Hollande pas favorable au départ d'Emmanuel Macron

Le député socialiste François Hollande à l'Assemblée nationale, à Paris, le 5 février 2025. - JULIEN DE ROSA
L'ancien président François Hollande a estimé, ce lundi 13 octobre sur France 2, qu'Emmanuel Macron ne doit pas être contraint de quitter son poste, sous prétexte d'être "impopulaire", critiquant les récentes déclarations d'Édouard Philippe à ce sujet.
"Que le Président soit impopulaire, il n’est pas le premier et sans doute pas le dernier. Est-ce que pour autant, il faut demander - quand on est un ancien Premier ministre -, la démission du président de la République? Ce n'est pas ma conception des institutions", a affirmé François Hollande faisant allusion à Édouard Philipe.
"Ma conception des institutions, c'est qu'un président est élu pour le temps de son mandat. S'il veut partir, il a toute la liberté de le faire, c'est arrivé dans le passé. Mais il n'est pas question de demander à un président de la République de partir", a encore lancé l'ancien chef d'État.
Depuis la démission puis la renomination de Sébastien Lecornu à Matignon, Emmanuel Macron a été critiqué jusqu’à son propre camp, notamment par son ancien Premier ministre Édouard Philippe. Le leader d'Horizons avait en effet appelé, le 7 octobre sur RTL, le président de la République à organiser une "élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget.
Une position, largement critiquée par François Hollande. "Ce n’est pas le taux d’impopularité qui fait qu’on démissionne. Ce n'est pas ce que la Constitution de la République prévoit", a insisté l'ancien chef d'État.
Suspension de la réforme des retraites
Autre solution, qui n'en est pas une pour François Hollande, la dissolution de l'Assemblée nationale. "S'il y a dissolution, pendant deux mois le pays est suspendu (...). Donc pas de budget. Il serait renvoyé à l’année prochaine avec les conséquences fâcheuses pour les citoyens, leurs vies courantes et les collectivités locales à la veille des élections municipales", a-t-il déclaré.
Plus encore, le scénario "le plus probable" d'une dissolution déboucherait sur "une Assemblée assez peu différente à celle-là", selon le député socialiste. "Voilà pourquoi je suis contre".
Conscient de l'urgence de la situation, François Hollande n'évoque pas clairement le choix d'une censure par le PS, mais appelle le gouvernement à faire des "concessions" sur la réforme des retraites. "Les socialistes ne font pas une demande de concession qui les toucherait particulièrement. Ils demandent que cette réforme de retraites, très controversée, puisse être non pas abrogée, mais suspendue jusqu'en 2027", a expliqué François Hollande.
Mais "pour permettre qu'un gouvernement tienne, Sébastien Lecornu est-il prêt à faire cette concession?", s'est interrogé l'ancien chef d'État. Le 9 octobre, la désormais ex-ministre de l'Éducation nationale et ancienne Première ministre, Élisabeth Borne s'était déclarée favorable à une "suspension de la réforme", pour faire avancer les négociations.
À ce sujet, Sébastien Lecornu s'est dit ouvert aux débats, "dès lors qu'ils sont dans un cadre réel et réaliste, y compris sur les questions budgétaires". Pour le chef de gouvernement, l'heure de vérité approche désormais: il doit prononcer sa déclaration de politique générale ce mardi après-midi.