Benoît Hamon: une place de choix à la gauche de Valls

Benoît Hamon - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
"Je suis socialiste, je ne suis pas social-libéral", avait affirmé, en janvier, Benoît Hamon au Parisien fin janvier, comme pour se démarquer du tournant pris par François Hollande. On le dit critique sur le pacte de responsabilité, on le sait important au sein d’une aile gauche virulente envers la politique menée par le chef de l'Etat.
Mais Benoît Hamon a su rester loyal. Manuel Valls, et donc François Hollande, lui ont proposé un rôle majeur dans le "gouvernement de combat" censé redonner de l’air au pouvoir socialiste au lendemain de municipales catastrophiques: ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Soit le premier budget des différents ministères et plus d'un million de fonctionnaires à gérer.
Des dossiers chauds l'y attendent déjà: la réforme des rythmes scolaires en premier lieu puisque seulement 20% des communes l'applique. Des poids lourds comme Alain Juppé à Bordeaux ont déjà fait connaître leur opposition. D'autres chantiers ouverts par son prédécesseur Vincent Peillon, comme la réforme des programmes du primaire et du collège, mériteront sans un doute un arbitrage rapide et difficile.
Un clash sur les Roms en 2013
Député européen en 2004, porte-parole du Parti socialiste sous la présidence de Martine Aubry de 2008 à 2012 avant d'être élu député des Yvelines, Benoît Hamon, dans son rôle de ministre de l'Economie sociale et solidaire et de la Consommation depuis 2012, a su rester discret. Il a vécu deux années dans l’ombre de ses six collègues installés avec lui à Bercy, au ministère de l’Economie.
Au sein du gouvernement, c’est avec Manuel Valls que ses prises de bec furent les plus houleuses. Notamment à propos des Roms, ce sujet qui avait valu à la fin de l’été 2013 des attaques de la gauche contre Manuel Valls et des louanges à droite.
"Certains s’égarent dans des formes de transgression qui ne me plaisent pas", avait-il notamment dit lors d’une réunion de son courant "Un monde d’avance" avant de fustiger "l’exploitation d’une politique de la peur", contraire aux valeurs du PS. Manuel Valls était dans le viseur.
Le trio Hamon-Valls-Montebourg
Mais alors que Benoît Hamon est réputé proche de Cécile Duflot, Mediapart raconte début mars le "ménage à trois" qu’il forme désormais avec Arnaud Montebourg et Manuel Valls, par "effet de génération, par nécessité et par tactique". Tous se connaissent bien et depuis longtemps. Hamon et Montebourg ont par exemple travaillé ensemble en 2002 au sein du courant du Nouveau Parti socialiste.
Depuis fin 2013, avec un coup d'avance, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg apportent à Manuel Valls une caution de gauche qui lui fait cruellement défaut, lui le socialiste de droite. Dans cet article plusieurs proches de Hollande se félicitent de ce rapprochement au sein de la jeune génération. Les deux hommes auraient récemment appuyé la "candidature" de Manuel Valls au poste de chef de gouvernement.
Une nouvelle complicité donc. Il y a moins d'une semaine, Hamon et Valls se sont ainsi déplacés, côte à côte et tout sourire, pour tenter de sauver ce qui pouvait l'être avant les municipales.
Si cela ne suffit pas, les deux hommes présentent même des similitudes de parcours: fac d’Histoire puis assistant parlementaire. Et même une filiation commune de Michel Rocard autour duquel ils ont gravité lors de leurs jeunes années, rapporte Slate. Et si, un jour, Benoît Hamon par ses prises de position devait gêner son Premier ministre, il pourrait lui rappeler qu’en 2009, alors que Manuel Valls critiquait souvent le PS, c’était lui en tant que porte-parole qui avait balayé l’idée que la critique puisse coïncider avec une démission.