"Abnégation et simplicité": les ministres discrets et "au travail" pour les vacances de Noël

Cette année, encore plus que d'autres, les vacances des ministres sont à haut risque politique. Il faut à la fois laisser souffler les Français tout en se montrant au travail, à quelques semaines de l'inflammable réforme des retraites.

Simplicité et proximité. Entre explosion de l'inflation, grève à la SNCF et risques de coupures électriques, les ministres font profil bas pour les vacances de Noël.

"C'est une période toujours compliquée pour nous à gérer. On doit montrer qu'on laisse souffler les Français qui en ont bien besoin tout en restant aux manettes", résume un conseiller ministériel à BFMTV.com.

Repos avant une rentrée explosive

Si aucune consigne n'a été officiellement passée aux ministres - en dehors de la communication d'une adresse et d'un numéro de téléphone qui permet d'être tout le temps joignable, y compris en zone blanche-, le gouvernement joue la carte de la sobriété.

C'est que la rentrée risque bien de secouer. Au menu des prochaines semaines, plusieurs sujets chauds sont sur la table, faisant craindre une coagulation des mécontentements entre la hausse des prix de l'électricité et du gaz de 15%, la fin de la ristourne à la pompe et l'allongement de l'âge de départ à la retraite.

De quoi pousser les ministres à souffler avant un retour à Paris potentiellement explosif. La plupart d'entre eux passent ainsi leurs vacances avec leurs familles, à l'instar d'Agnès Pannier-Runacher.

"Avec son téléphone"

Ceux qui seront sur le grill en janvier font également savoir qu'ils restent concentrés sur leur mission.

"Le ministre sera dans les Alpes avec son téléphone pour préparer la rentrée parlementaire chargée", assure ainsi l'entourage de Frank Riester, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement.

À son menu: parvenir à convaincre les LR de dire oui à la réforme des retraites présentée le 15 janvier prochain ou encore arrondir les angles avec eux à l'approche du futur projet de loi immigration.

Traumatisme de Blanquer à Ibiza

En filigrane, beaucoup au sein du gouvernement ont gardé un très mauvais souvenir du cas de Jean-Michel Blanquer l'an dernier.

Alors ministre de l'Éducation nationale, il s'était envolé pour Ibiza alors qu'il planchait sur le nouveau protocole sanitaire dans les écoles, finalement dévoilé la veille de la rentrée dans une interview donnée depuis sa retraite méditerranéenne. De quoi susciter une vive polémique qui avait agacé Emmanuel Macron à l'époque.

"On attend des ministres de l'abnégation et de la simplicité. Il faut à tout prix éviter tout ce qui est ostentatoire", décrypte Gaspard Gantzer, l'ancien conseiller communication de François Hollande.

Polémique de Borne à Marrakech en 2019

Élisabeth Borne elle-même s'était retrouvée dans l'œil du cyclone en 2019. En pleine grève de la SNCF contre la réforme des retraites à l'époque, Le Parisien révèle que celle qui est alors ministre de la Transition écologique, passe ses vacances à Marrakech (Maroc).

Si ces congés sont remarqués, c'est que la future Première ministre est alors chargée des discussions avec les syndicats ferroviaires et qu'Emmanuel Macron a appelé ses ministres à se mobiliser sur le terrain pendant les fêtes.

Face à la polémique, d'autant plus forte que des milliers de Français peinent alors à rejoindre leur famille pour Noël par le train, son cabinet tente d'éteindre le feu. L'affaire n'a pas laissé de trace mais a tout eu d'un message d'avertissement toujours d'actualité trois ans plus tard, en pleine grève du rail.

Marie-Pierre Bourgeois