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Face à Fillon, l'exécutif soutient Jouyet, tardivement

Jean-Pierre Jouyet et Manuel Valls ont affiché une certaine sérénité en pleine tempête, mercredi à la sortie du Conseil des ministres.

Jean-Pierre Jouyet et Manuel Valls ont affiché une certaine sérénité en pleine tempête, mercredi à la sortie du Conseil des ministres. - Dominique Faget - AFP

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a assuré mercredi que Jean-Pierre Jouyet était, "bien sûr", toujours soutenu par l'Elysée. Quelques minutes auparavant, le Premier ministre Manuel Valls et le secrétaire général de l'Elysée apparaissaient tout sourire devant les caméras.

C'est une image assez rare et évidemment symbolique dans l'affaire qui l'oppose à François Fillon. Le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyetest apparu mercredi souriant aux côtés de Manuel Valls, devant les caméras à la sortie du Conseil des ministres. Une mise en scène pour signifier que le secrétaire général de l'Elysée, qui reste habituellement dans l'ombre et s'affiche rarement devant les objectifs des médias, a bien le soutien de l'exécutif. A commencer par celui du Premier ministre.

Si l'image est calibrée pour les caméras, elle arrive assez tard. Alors que la pression monte désormais sur l'Elysée, Manuel Valls avait en effet refusé d'évoquer l'affaire mardi, lors des commémorations du 11-novembre. Il devrait s'exprimer sur ce sujet mercredi après-midi à l'Assemblée nationale en réponse à une question de l'UMP.

Jean-Pierre Jouyet est dans une position délicate après s'être contredit sur la teneur d'un déjeuner avec François Fillon le 24 juin, où ce dernier lui aurait demandé d'intervenir pour accélérer une procédure judiciaire à l'encontre de Nicolas Sarkozy. Une version que François Fillon et Antoine Gosset-Grainville récusent.

"Il est le secrétaire général de l'Elysée, il le reste"

Quelques minutes après la séquence sur le perron de l'Elysée, les ministres n'étaient pas nombreux à réagir sur ce sujet. La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a néanmoins assuré que Jean-Pierre Jouyet était, "bien sûr", toujours soutenu par l'Elysée. "C'est quelqu'un qui a des valeurs. Il avance il est au travail sereinement", a assuré son ancienne camarade de la promotion Voltaire à l'ENA.

"Il est le secrétaire général de l'Elysée, il le reste", a également affirmé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, lors du compte-rendu du Conseil des ministres... et de renvoyer vers "les sujets qui intéressent les Français." "Le conseil pas un lieu ou on discute de l'actualité. Ce qui est le plus intéressant, c'est ce qu'on fait pour les Français", a-t-il poursuivi, interrogé au sujet de la position du gouvernement sur cette affaire.

Les soutiens à Jean-Pierre Jouyet arrivent tardivement. Il faut dire que "l'ami de 35 ans" de François Hollande n'a pas toujours été très apprécié à gauche. Sa participation au gouvernement de François Fillon en 2007 est restée en travers de la gorge de nombre des responsables du PS. François Hollande lui-même avait déclaré à l'époque, sous le coup de la colère, "Jean-Pierre a toujours été de droite". Avant de finalement pardonner à son ami, et de le nommer secrétaire général de l'Elysée. Mais le conflit n'est pas enterré pour tout le monde: certains ministres continuent de l'accuser à entretenir des "relations troubles" avec la droite. 

C'est aussi l'utilisation de sa parole en public que la gauche a souvent déplorée. Le 15 mai 2012, jour de l'investiture de François Hollande, il annonce sur RTL que le nouveau Président va choisir Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre, grillant la politesse à Pierre-René Lemas, alors secrétaire général de l'Elysée. Un premier couac qui fait mauvaise impression. Suivra celui sur Florange: alors qu'il vient d'être nommé par François Hollande patron de la Banque publique d'investissement, Jean-Pierre Jouyet parle sur Europe 1 de Florange, site sidérurgique lorrain menacé de fermeture, comme d'un "canard boiteux". Ses propos font scandale, et François Hollande est obligé d'intervenir pour calmer le jeu. Jean-Pierre Jouyet lui-même doit revenir sur ses propos en rappelant son "plus grand respect pour les salariés de Florange". Mais sa réputation de "gaffeur" est faite, et irrite à gauche. Son implication dans l'affaire Fillon constitue un embarras supplémentaire pour l'Elysée.

K. L. et A. K.