Emmanuel Macron et 2017: je t'aime, moi non plus
Un rendez-vous politique fondateur mais dénué de toute annonce nouvelle. C'est sous ces traits que se dessine le premier meeting politique d'Emmanuel Macron, prévu mardi soir à la salle de la Mutualité, à Paris. Le ministre de l'Economie devrait passer cette épreuve du feu devant une salle comble (1.800 personnes) et trop petite pour absorber les 4 à 5.000 demandes d'inscriptions visiblement enregistrées.
L'entourage d'Emmanuel Macron est clair: il n'y aura ce soir-là aucune annonce sur une éventuelle sortie du gouvernement ou une possible candidature à la présidentielle 2017. Et pourtant c'est bien d'une "entrée en campagne" que ces soutiens parlent, comme l'explique Arnaud Leroy, député PS des Français de l'étranger:
"C'est une entrée en campagne pour peser dans la présidentielle. Avec ce meeting, Emmanuel Macron entend faire de son mouvement une force politique qui compte et qui participe au débat d'idées. 'En marche!' va se comporter comme un parti politique au bon sens du terme."
Dénonçant le "brouilli des candidatures" ou "le défilé de personnalités" offert par les primaires, les soutiens du ministre insistent: leur mouvement va faire les choses différemment, à savoir construire un projet avant de poser la question de son incarnation. Emmanuel Macron veut "donner une alternative mais il est de notre responsabilité de ne pas brûler les étapes", souligne Arnaud Leroy, rappelant que la grande marche, l'opération de porte-à-porte menée par les adhérents du mouvement pour consulter les Français, est encore en cours.
Fixer le cap et les prochaines échéances
C'est d'ailleurs par des "marcheurs", comme ils se surnomment eux-mêmes, que le meeting de mardi sera ouvert à 20 heures. Cinq pionniers "témoigneront de leur engagement, des convictions qui les ont poussé à constituer 'En marche!' mais également des initiatives qu'ils mènent là où ils sont", annonce Richard Ferrand, député du Finistère et soutien d'Emmanuel Macron "depuis le début".
Puis viendra le discours du ministre de l'Economie. Une intervention de 45 minutes de sa plume et sur laquelle Emmanuel Macron "a travaillé tout le week-end", rapporte Richard Ferrand, qui dit l'ancien banquier "très motivé (...) déterminé et tranquille" face à un exercice nouveau pour lui. Car c'est bien en chef de parti politique que ses soutiens veulent le voir.
"J'attends d'Emmanuel Macron qu'il exprime ses convictions et qu'il fixe le cap, qu'il nous dise comment il voit le pays et la scène politique, confie Richard Ferrand. (...) Il devra fixer les prochaines échéances et montrer qu'une dynamique est en marche".
"Si François Hollande n'y va pas, il se lance"
Etablir un diagnostic, écrire des réponses, les confronter avec les études et analyses des experts (économistes, sociologues, ...) puis formuler des propositions politiques sont les prochaines étapes, selon les soutiens d'Emmanuel Macron. Ce qui repousse la question de l'incarnation à l'automne. Voire au début de l'hiver, ce qui coïnciderait avec le moment où François Hollande décidera de son éventuelle candidature à lui.
"Si François Hollande n'y va pas, il se lance", assure Arnaud Leroy. Un scénario que confirme Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon et soutien d'Emmanuel Macron:
"S'il n'y a pas de remontée de François Hollande dans les sondages, on ne va pas attendre qu'il y ait un vide absolu. Il faut que quelqu'un puisse prendre la relève, estime-t-il, encourageant ainsi Emmanuel Macron à "faire entendre sa voix dans les mois qui viennent".
Les deux hommes se disent convaincus que le chef de l'Etat ne se représentera que s'il remonte dans les sondages. Si tel est le cas, "Emmanuel Macron en prendra acte", affirme Gérard Collomb. Pourrait-on ainsi imaginer que le ministre de l'Economie se range derrière un chef de l'Etat candidat à sa succession? Rien n'est moins sûr. "Emmanuel Macron n'est pas un rabatteur, insiste Richard Ferrand. Il ne fédère pas un mouvement pour ensuite dire qu'il faut soutenir quelqu'un d'autre". D'où un calendrier qui donne encore quelques mois au ministre de l'Economie pour mesurer l'assise de son mouvement et voir s'il peut incarner une alternative forte électoralement face à François Hollande.