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 Le baromètre des éditorialistes: Macron veut "décoller son étiquette de président des riches"

Emmanuel Macron à l'Elysée le 5 septembre 2018

Emmanuel Macron à l'Elysée le 5 septembre 2018 - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Le discours d'Emmanuel Macron sur la pauvreté était empreint à la fois de "grandes ambitions" et de mesures concrètes. Reste à assumer ces mesures, et en cela le chef de l'Etat n'est pas arrivé au bout de ses difficultés.

Son plan contre la pauvreté était très attendu. Jeudi matin, dans un discours de plus d'une heure, Emmanuel Macron a multiplié les annonces pour remplir un objectif ambitieux: éradiquer la grande pauvreté en une génération.

> Camille Langlade: "Il amende son image de président des riches"

Emmanuel Macron assume l'emploi de l'expression 'premier de cordée' mais il l'amende en ajoutant que les premiers 'ne doivent pas oublier les derniers': il amende son image de président des riches, on le voit aussi lorsqu'il refuse de parler d'assistanat. Il a une ambition extrême, éradiquer la grande pauvreté en une génération, or neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Il sera donc jugé sur les actes. Il insiste d'ailleurs sur un autre traitement de cette pauvreté, en évoquant par exemple l'accompagnement des personnes vers l'insertion, ou en parlant des petits-déjeuners à l'école ou encore des repas à 1 euro dans les cantines de REP et REP+ (réseaux d'éducation prioritaire, NDLR).
Il y a dans ce discours à la fois une philosophie et des mesures concrètes. Son humilité est visible: il parle de grande ambition mais il ajoute aussi qu'il ne sait pas si la France sera capable d'assumer.

> Thierry Arnaud: "Macron va être confronté à plusieurs difficultés"

Il y avait dans ce discours un enjeu politique qui dépasse le cadre de la pauvreté: en étant si long, en ayant un langage ambitieux et humble, Emmanuel Macron a voulu en quelque sorte amorcer un virage dans son quinquennat - ou en tout cas corriger de la perception de son action. Car les Français sont sévères, on l'a vu avec le sondage Elabe paru ce matin: ils ont l'impression qu'Emmanuel Macron n'est pas comme il l'avait promis, le président qui libère et qui sait protéger.
Dans son discours, par ailleurs réussi, il mêle des mesures concrètes et une vision. Néanmoins il va être confronté à plusieurs difficultés: déjà parce que ce discours arrive un an et demi après son arrivée au pouvoir. Son étiquette de président des riches, il l'a d'abord collée et maintenant il va falloir la décoller. Ce sera difficile.
D'autre part, il sera jugé sur les résultats: ça ne sera pas facile et surtout, ça va prendre du temps. Car les lois programmées n'arriveront pas avant 2020. Or c'est un peu difficile d'expliquer à ceux qui sont dans l'urgence qu'il faudra patienter deux ans de plus avant que cette vision développée aujourd'hui devienne une réalité concrète.
A. K.