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Emmanuel Macron annonce la mise en place d'un "conseil de défense et de sécurité franco-allemand"

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À l'heure où les États-Unis tournent le dos à l'Europe et où la guerre en Ukraine fait rage, Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz, tout juste élu, ont affiché leur volonté de relancer le couple franco-allemand en renforçant notamment leur coopération sur les questions de défense.

Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, tout juste élu dans la douleur, et Emmanuel Macron ont affiché ce mercredi 7 mai à Paris leur volonté de "répondre ensemble aux défis que l'Europe affronte" en donnant un "nouveau départ" à la relation bilatérale.

Lors d'une conférence de presse commune à l'Élysée, le président français a annoncé la mise en place d'un conseil "de défense et de sécurité franco-allemand". Une manière d'institutionnaliser des réunions tenues de manière disparates et informelles sur le sujet, notamment depuis l'hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l'égard de l'Europe en pleine guerre en Ukraine.

"Nous allons accélérer notre programme franco-allemand, développer des capacités nouvelles, et au-delà des chars, avions de combat et missiles de longues portées, nous allons mettre en place un conseil de défense et de sécurité franco-allemand", a déclaré le locataire de l'Élysée.

Ce conseil "se réunira régulièrement pour apporter des réponses opérationnelles à nos défis stratégiques communs", a-t-il précisé reprenant l'expression de "réveil stratégique pour la défense européenne".

"Un nouveau départ pour l'Europe"

Emmanuel Macron a également salué la "décision historique prise par l'Allemagne (...) d'investir massivement dans la défense". Un conseil des ministres franco-allemand devrait aussi dès l'été concrétiser la volonté de relance tous azimuts de la coopération et la coordination bilatérales.

Jusqu'ici frileuse sur les questions de défense et d'Ukraine, l'Allemagne a ouvert la porte à une participation à une éventuelle force de réassurance européenne en Ukraine ou à d'autres garanties de sécurité. Tout en conditionnant cette participation à "un accord de paix" et à une participation américaine au "processus".

Le nouveau chancelier - pour sa première visite officielle à l'étranger - a par ailleurs confirmé vouloir engager des discussions avec Paris et Londres, les deux seules puissances nucléaires en Europe, sur la dissuasion nucléaire. Il s'était déjà dit favorable à l'idée de placer son pays - dépendant jusqu'ici de la protection nucléaire américaine - sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une rupture énorme avec la tradition atlantiste germanique.

"Nous avons convenu d'un nouveau départ pour l'Europe", a déclaré Friedrich Merz tout juste élu la veille, soulignant que le partenariat franco-allemand n'était pas toujours "évident" malgré une volonté sans cesse réaffichée en ce sens.

"Nous avons une responsabilité particulière pour l'Europe. Nous allons oeuvrer ensemble pour un meilleur avenir commun", a-t-il martelé, promettant des "impulsions décisives" pour la construction européenne.

Outre la défense, des points de divergences

Après des années de surplace sous l'ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure, Paris fonde de grands espoirs dans Friedrich Merz, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire.

D'autres divergences ne devraient cependant pas disparaître du jour au lendemain. Le nouveau chancelier, dont le pays est fortement exportateur, a demandé aux États de l'Union européenne de ratifier "rapidement" l'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), auquel la France s'oppose, craignant une fronde agricole.

"On trouvera des accords qui permettent la juste préservation des conditions de travail, l'équité pour nos producteurs", a répondu le président français.

Autre point de divergence, Berlin a certes assoupli en mars sa règle du "frein à l'endettement", qui limite la capacité d'emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n'est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par Paris.

Après la capitale française, Friedrich Merz doit se rendre à Varsovie ce mercredi, où il espère aussi relancer des relations en souffrance, puis à Bruxelles vendredi.

Juliette Brossault avec AFP