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Allemagne: Friedrich Merz finalement élu chancelier au deuxième tour par les députés

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Le conservateur Friedrich Merz, qui avait échoué à se faire élire chancelier au premier tour par les députés, a finalement été élu au second tour.

Le conservateur Friedrich Merz a été élu chancelier au deuxième tour par les députés allemands, après le choc de son échec au premier tour plus tôt ce mardi 6 mai, a annoncé la présidente du Bundestag Julia Klöckner. Deux mois et demi après sa victoire aux législatives, le chef des conservateurs succède au social-démocrate Olaf Scholz, à la tête d'un gouvernement de coalition nommé pour quatre ans.

Scénario sans précédent en Allemagne, il a fallu un deuxième tour de scrutin au Bundestag pour que le président du parti démocrate-chrétien (CDU) soit finalement porté de justesse au poste de chef du gouvernement.

À 69 ans, après avoir difficilement remporté fin février des élections législatives anticipées, il a obtenu 325 voix sur 630 députés, lors d'un second vote organisé dans l'après-midi et rendu nécessaire par un échec lors d'un premier tour dans la matinée, qui a créé la stupéfaction.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a procédé dans la soirée à la nomination des 17 ministres du gouvernement de Friedrich Merz. La nouvelle équipe gouvernementale compte huit femmes et trois personnes qui ont grandi dans l'Est de l'Allemagne, ex-RDA communiste, et une seule d'origine étrangère.

Un revers inédit depuis l'après-guerre

Alors que l'élection à bulletin secret de Friedrich Merz se présentait comme une simple formalité après la conclusion d'un accord de coalition majoritaire avec les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz, il a d'abord échoué à atteindre le seuil nécessaire.

Jamais dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre, un candidat chancelier n'avait connu pareil sort. Dans le système parlementaire allemand, ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement.

Ce revers illustre la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien et de la coalition avec laquelle il entend gouverner la première économie européenne, dans un monde en plein chamboulement géopolitique et sous pression à la fois de l'administration Trump et sur le plan intérieur d'une extrême droite en plein essor.

Friedrich Merz va donc débuter affaibli son mandat de quatre ans, alors qu'il était sensé apporter de la stabilité après la crise politique nationale ouverte par la chute du gouvernement Scholz en novembre. Ce coup de théâtre mine d'emblée ses promesses de relance du pays, en crise économique, et de l'Europe.

Peu populaire

Déjà peu populaire dans l'opinion, il est contesté dans ses propres rangs conservateurs pour être revenu sur une promesse de campagne: il a récemment assoupli les règles nationales très strictes de dépenses budgétaires.

Le chancelier l'a fait pour pouvoir financer un vaste programme de réarmement du pays, face à la menace russe et celle d'un désengagement militaire américain du continent européen, et de modernisation du pays, de plusieurs centaines de milliards d'euros.

Le nouveau chancelier, qui doit encore être mardi officiellement investi par le chef de l'État et prêter serment, savait qu'il ne bénéficierait d'aucun état de grâce.

Mais il ne s'attendait pas à cette humiliation parlementaire, comme l'a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l'assemblée, à l'issue du premier vote. Il lui a manqué 18 votes, signe de son incapacité à faire immédiatement le plein des voix des conservateurs et des sociaux-démocrates.

Dans le chaos ambiant, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est frotté les mains et a immédiatement réclamé de nouvelles élections.

"Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale", a déclaré Alice Weidel, dont le mouvement dépasse aujourd'hui dans certains sondages les conservateurs, après avoir déjà obtenu 20% aux législatives. "Vous avez échoué, les événements de cette journée sont sans précédent dans cette chambre", lui a fait écho un autre responsable de l'AfD, Bernd Baumann.

F.R. avec AFP