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Présidentielle

Pouvoir d'achat, sécurité, laïcité... Les propositions de Macron et Le Pen pendant le débat

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Le débat d’entre-deux-tours a été l’occasion pour les candidats Marine Le Pen et Emmanuel Macron d’énoncer leurs projets sur les thématiques majeures.

Pouvoir d'achat, sécurité, international, santé... Le débat d'entre-deux-tours de ce mercredi a été l'occasion pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen d'exposer leurs projets pour les cinq années à venir s'ils venaient à être élus dimanche. Tour d'horizon des grands thèmes abordés durant ce débat, et des promesses des candidats.

• Sur le pouvoir d’achat

Emmanuel Macron souhaite maintenir le bouclier mis en place pour faire face à l’inflation des prix de l’énergie. Bloquer les prix de l’électricité ou du gaz "aussi longtemps que crise il y aura" est selon lui une mesure "deux fois plus efficace que la baisse de la TVA" proposée par son adversaire du RN. Emmanuel Macron a également évoqué la mise en place d’un chèque alimentaire sur le modèle du chèque inflation, ou l'augmentation de la prime pouvoir d'achat, surnommée "prime Macron", à 6000 euros.

Marine Le Pen veut faire de la hausse du pouvoir d’achat, "la priorité" de son mandat si elle est élue dimanche, en se concentrant sur les Français "qui n’y arrivent plus". Et pour cela, elle promet d’abord sur une baisse des dépenses contraintes, avec notamment une baisse de la TVA sur l’énergie, de 20% à 5,5%. Mesure qui pourrait permettre selon elle de "rendre 12 milliards aux Français". Marine Le Pen compte également baisser la fiscalité, en exonérant d’impôt sur le revenu les moins de 30 ans, et redonner en moyenne "150 à 200 euros” par mois à chaque foyer.

• Sur les retraites

Emmanuel Macron, interrogé sur son projet de réforme des retraites, a assuré vouloir la mise en place d’un minimum contributif à 1100 euros pour les carrières complètes.

"Je veux garder ce trésor qui est notre système par répartition: les actifs paient pour les retraités", a déclaré le président-candidat.

Sur le départ à la retraite à 65 ans, Emmanuel Macron a précisé: il veut "décaler" l’âge légal, de 4 mois par an, en prenant en compte les carrières longues, la pénibilité des travailleurs, et la suppression des principaux régimes spéciaux.

Marine Le Pen, elle, a affirmé qu'en cas d'élection dimanche, les Français pourront partir à un âge compris "entre 60 et 62 ans". Un système "progressif": pour avoir une retraite pleine, il leur faudra "entre 40 et 42 annuités". La candidate du Rassemblement national a par ailleurs critiqué la retraite à 65 ans proposée par Emmanuel Macron, en parlant d'une "injustice absolument insupportable".

Emmanuel Macron a été clair lors de ce débat: la souveraineté française est "nationale et européenne". Le président sortant a affiché sa volonté d’aller plus loin pour faire "avancer l’Europe". Une volonté de continuer à travailler pleinement avec l’UE s’il est réélu donc, en se basant avant tout sur un "couple franco-allemand de confiance". Le candidat LaREM s’est notamment appuyé sur l’exemple de l’accès aux vaccins anti-Covid, pour illustrer la réussite de la collaboration européenne lors de son mandat.

Marine Le Pen estime, à l'opposé, qu'il ne peut y avoir de souveraineté européenne car "il n’y a pas de peuple européen". Si elle a assuré vouloir rester au sein de l’UE, elle a affirmé vouloir "modifier" l'Union pour "faire émerger une alliance européenne des nations". La candidate du RN évoqué "toute une série de politiques de l'Union européenne" avec lesquelles elle est en désaccord, de la "multiplication des accords de libre échange", à la "politique des travailleurs détachés". Ce mercredi, elle questionnait ainsi: au niveau européen, "pourquoi la France n'arrive pas à défendre ses intérêts?"

• Sur la santé

Emmanuel Macron veut aller plus loin que le Ségur de la santé initié après la première vague de l’épidémie de Covid-19. Le président-candidat a rappelé sa volonté de redresser l’hôpital public “"dans les mois qui viennent", en améliorant les conditions de travail des soignants, et en créant une offre de soin nouvelle, à l’échelle d’un territoire, pour mettre fin aux déserts médicaux. Interrogé sur les récentes polémiques liées aux Ehpad, il a affirmé vouloir mieux contrôler sans pour autant "jeter l'opprobre sur un système privé", et a promis 50.000 nouveaux postes d’infirmiers et aides-soignants dans ces établissements.

Marine Le Pen prône une refonte du système de santé qui passera par une enveloppe de 20 milliards d’euros sur 5 ans: la moitié pour la revalorisation du personnel, l’autre moitié pour le financement du matériel. Selon elle, le président sortant n’a pas réagi assez rapidement pour venir en aide à l'hôpital.

“Il n'y a que les crises qui vous font bouger. Il a fallu la crise sanitaire pour s'apercevoir que les soignants sont dans une souffrance absolument inouïe" a-t-elle déclaré.

Marine Le Pen a également précisé durant ce débat vouloir "réintégrer les soignants suspendus" pendant la crise sanitaire car non-vaccinés et "restituer les salaires dont ils ont été privés".

• Sur l’écologie

Emmanuel Macron l’a répété lors de ce débat: l’une des premières choses qu’il fera en cas de réélection sera de nommer un Premier ministre chargé de la Transition énergétique. Le président sortant a également rappelé sa volonté d’accompagner la rénovation thermique des bâtiments, avec 700.000 logements rénovés par an, et une "d’aider" les Français "à aller vers les véhicules hybrides ou électriques produits en France". Lors de ce débat mercredi soir, Emmanuel Macron a également rappelé son attachement à l’éolien, sur terre et sur mer, et sa volonté de "coupler les énergies renouvelables au nucléaire".

Marine Le Pen a appelé quant à elle à "arrêter l'hypocrisie" sur l’écologie. La candidate a fustigé le libre-échange, "responsable en grande partie de l'émission de gaz à effet de serre" selon elle. Localisme, relocalisation des productions et activités… Elle a plaidé pour une production "sur place" et une consommation "au plus près", en arrêtant “d’importer la moitié de nos fruits et légumes”.

"L'État doit assumer cette responsabilité en mettant en place le patriotisme économique", a-t-elle ajouté.

En opposition à son adversaire, Marine Le Pen a plaidé pour le démantèlement de l’éolien qui "coûte très cher'', "pollue les paysages, et "représente une nuisance".

• Sur la sécurité

Emmanuel Macron a d’abord défendu son quinquennat: 10.000 postes de policiers et gendarmes créés, une augmentation de 30% des moyens de la justice… Il veut néanmoins aller plus loin, en se basant sur quatre piliers fondamentaux: la question des féminicides pour "continuer de libérer la parole", la ruralité, pour laquelle il compte créer 200 brigades de gendarmerie, la cybersécurité avec 15.000 postes de "cyberpatrouilleurs" et la justice, avec le recrutement de 8500 "personnels de justice" pour "alléger la charge de nos magistrats".

Marine Le Pen l'a quant à elle confirmé: la sécurité est "l’un des éléments essentiels" de son programme. Elle a dénoncé "la barbarie et l’ensauvagement" auxquels les Français seraient confrontés. La candidate du RN veut mettre fin au "problème de l’immigration anarchique et massive" qui "contribue à l’aggravation de l’insécurité" selon elle. Elle veut également plus de fermeté dans le domaine de la justice, et a appelé notamment à une présomption de légitime défense pour les forces de l'ordre. Elle veut également mettre fin aux aménagements de peine pour toutes les peines de plus de 6 mois quand il s’agit d'atteintes à l’intégrité physique.

• Sur l’école et la jeunesse

Emmanuel Macron a affirmé qu’il n'hésitera pas à revenir sur certaines des mesures prises durant les cinq dernières années: à commencer par la réforme du baccalauréat, en remettant des mathématiques jusqu’au diplôme. Il veut également imposer une demi-heure de sport quotidienne à l’école, développer l’apprentissage artistique et culturel, mettre les moyens sur les classes de 6e et seconde - "classes charnières où les décrochages se font".

Concernant les professeurs et leurs salaires, le président sortant veut "décliner localement" la revalorisation salariale, jusqu’à 20% d’augmentation. Et faire en sorte qu'il n'y ait "plus de démarrage de carrière sous les 2000 euros", sans condition.

Marine Le Pen a vivement critiqué le projet de son adversaire du soir, particulièrement sur le salaire des enseignants, l'accusant de vouloir le lier à des tâches supplémentaires:

"Payer les enseignants en fonction des résultats de leurs élèves, (...) c'est profondément injuste", a-t-elle déclaré.

Elle compte revaloriser de 3% par an le salaire des enseignants, tout en payant la demi-journée d'école supplémentaire qu'elle veut imposer. La candidate veut également revaloriser les filières professionnelles avec 200 à 300 euros par mois d’aides pour les alternants, et aider les plus jeunes, en proposant notamment la gratuité aux heures creuses des trains pour les 18-25 ans.

• Sur la laïcité

Emmanuel Macron est d’abord revenu sur la proposition de Marine Le Pen d’interdire le voile. Une mesure qui pourrait "créer une guerre civile" selon lui. Le président-candidat a déclaré que "la laicité n’est pas combattre une religion", et s’impose le respect de la loi de 1905.

"Avec moi, il n'y aura pas d'interdiction du foulard, de la kippa et des signes religieux", a-t-il assuré.

Marine Le Pen a quant a elle tenu sa ligne sur ces questions. Elle a répété sa volonté d’interdire le port du voile dans l’espace public, "un uniforme imposé par les islamistes", selon elle. "une grande partie des jeunes femmes qui le mettent ne peuvent pas faire autrement en réalité", a assuré la candidate du Rassemblement national. "Il faut libérer l'ensemble de ces femmes."

• Sur l'immigration

Emmanuel Macron a assuré vouloir renforcer la coopération entre États européens pour agir sur l’immigration clandestine, et vouloir réduire les délais pour obtenir les asiles.

Marine Le Pen a rappelé sa volonté de mettre en place "dès l’automne" son référendum sur l’immigration, comprenant plusieurs volets, dont l’expulsion des criminels étrangers, la suppression du droit du sol, ou la priorité nationale au logement et à l’emploi. Interdiction de la régularisation des clandestins.

• Sur les institutions

Emmanuel Macron s'est dit prêt à utiliser le référendum s'il le fallait, notamment sur la question d’une réforme au niveau européen:

"Je pense que c'est un élément important qui est dans notre constitution, voulu par le général De Gaulle", a expliqué Emmanuel Macron.

Le président sortant a également assuré vouloir "rénover la vie démocratique" du pays, en proposant "une autre pratique du pouvoir" pour que les Français soient davantage "acteurs des changements qui les touchent". Il a par ailleurs rappelé ses tentatives de "nouveaux formats" au cours des cinq dernières années, à l’instar du Grand débat mis en place dans la foulée du mouvement des gilets jaunes.

Marine Le Pen a quant a elle appelé à une "renaissance démocratique" avec plus de pouvoir pour l’Assemblée nationale, et la mise en œuvre d’un référundum d’initiative citoyenne, avec "500 000 Français qui peuvent soumettre aux votes un projet ou une abrogation de loi". La candidate du Rassemblement national a promis que si elle était élue dimanche, elle tenterait de "recoudre la démocratie française".

Louis Augry