"Macron academy" et groupes de réflexion: dans les coulisses de la campagne d'En Marche!

Emmanuel Macron incarne jusque dans les initiales son mouvement "En Marche!". En coulisses pourtant, une équipe de campagne particulièrement discrète, inconnue du grand public, roule pour l'ancien ministre de l'Economie.
Dans le 15ème arrondissement de Paris, les bénévoles et salariés fourmillent entre la cuisine et la dizaine de salles de réunion que comprend l'immeuble servant de QG de campagne au candidat. En dix mois, l'incubateur Macron est passé de 80 à 1.000 mètres carré, devenant une immense entreprise présidentielle.
Une ossature jeune
Pas question pourtant d'abandonner l'esprit start-up incarné par le mouvement depuis son commencement. Au QG, une quarantaine de salariés et plus d'une centaine de bénévoles occupent les lieux, et parmi eux de nombreux jeunes qui ne s'étaient jamais engagés en politique auparavant.
C'est sur cette jeune ossature que compte Emmanuel Macron, qui s'est formée une garde rapprochée, essentiellement composée de personnes issues de Bercy. Ismaël Emelien, 29 ans, conseiller stratégique de l'ex-banquier d'affaires, ou bien Benjamin Grivaux, porte-parole du mouvement, font office de chef de file. A 39 ans, l'ancien élu de Saône-et-Loire a passé dix ans au Parti socialiste, avant de rallier les troupes d'"En Marche!".
"Il y a six ou sept personnes maximum, ce sont des jeunes hommes, ils sont invisibles, on ne les voit pas, on connaît à peine leur nom. Ils sont totalement dans une démarche dévouée à Emmanuel Macron, il y a une sorte de culte de la personnalité", estime Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique à Paris-Match.
Appel à la société civile
Pour compléter son programme, les soutiens d'Emmanuel Macron n'hésitent pas à faire appel à la société civile, et organisent des centaines de groupes de réflexion locaux portant sur différents sujets. Si les idées qui en ressortent sont jugées pertinentes par les comités thématiques, elles sont ensuite remontées au QG.
Pourtant, le programme tarde à voir le jour et n'a toujours pas été dévoilé. Pas de quoi s'inquiéter, selon Romain Dupeyré, responsable du comité thématique "En Marche" Hommes et Femmes du droit.
"Il n'est jamais trop tard pour faire les choses bien. C'est notre rôle d'avoir des bonnes idées, il y en a qui viennent au fur et à mesure de la campagne", explique-t-il.
Législatives et parité
A côté, le mouvement travaille sur les élections législatives de juin prochain, et croule sous les candidatures. Pour faire le tri et identifier les futures têtes d'affiche, le casting a été confié à l'ancien chiraquien Jean-Paul Delevoye et l'ex-membre du Parti socialiste François Patriat, qui composent la commission d'investiture.
"Nous avons aujourd'hui une majorité d'hommes. Une dynamique des femmes se met en place, mais c'est encore insuffisant dans la traduction des candidatures. On est dans The Voice", sourit Jean-Paul Delevoye.
Pour sensibiliser les femmes et atteindre la parité, "En Marche" organise des séances de coaching pour les aider à passer le pas. Dimanche, 200 participantes se sont massées au QG d'Emmanuel Macron pour venir écouter Axelle Tessandier, entrepreneuse de 35 ans. Cette démarche séduit les militantes, qui estiment avoir besoin "de s'entendre dire des choses que l'on a pas l'habitude de nous dire", mais les résultats en restent pour le moment non quantifiables.