Législatives: quelles sont les chances de réussite des ministres candidats?

Premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement le 23 mai 2022 à l'Elysée à Paris - Michel Spingler © 2019 AFP
Quinze ministres du gouvernement d'Élisabeth Borne, à commencer par la Première ministre, sont candidats aux élections législatives des 12 et 19 juin. Si l'élection devrait être passablement aisée pour certains, tous les prétendants ne sont pas assurés de gagner ou conserver leur siège au Palais-Bourbon.
D'autant plus que la nomination du gouvernement, intervenue vendredi, a coïncidé à trois jours près avec le début de la période de réserve, entamée lundi en vue des élections législatives. Un usage qui implique pour les membres du gouvernement de veiller scrupuleusement à ne pas interférer dans la campagne des législatives en tant que ministres et donc à séparer leur activité de membre du gouvernement à celle, éventuellement, de candidat.
Dimanche, l'Élysée a confirmé que comme en 2017, tout ministre battu aux législatives, y compris la cheffe du gouvernement, ne pourrait conserver son portefeuille exécutif.
En calquant les résultats de l'élection présidentielle d'avril, aux premier et second tours, BFMTV s'est penché sur les rapports de force politiques dans les circonscriptions où candidatent les membres du gouvernement.

· Ceux qui peuvent être plutôt confiants
Élisabeth Borne, candidate dans la 6e circonscription du Calvados
Première fois que la Première ministre se frotte au suffrage. Dans la 6e circonscription du Calvados, où elle s'est rendue au cours du week-end écoulé, la cheffe du gouvernement pourrait gagner confortablement la partie et succéder au marcheur Alain Tourret.
En avril, c'est Emmanuel Macron qui était arrivé en tête au premier tour (30,8%) devant Marine Le Pen (26,8%) et Jean-Luc Mélenchon (17,7%). Au second tour, le président sortant avait aussi battu son adversaire d'extrême droite avec 56,9% des votes contre 43,1%.
Olivia Grégoire, candidate dans la 12e circonscription de Paris
Candidate à sa réélection dans la 12e circonscription de Paris, la circonscription de la porte-parole du gouvernement est l'une des plus favorables à Emmanuel Macron en comparaison à celles de ses collègues de l'exécutif.
En avril, le chef de l'Etat y a remporté 42,7% des voix, contre 17,3% pour Jean-Luc Mélenchon et 11% pour Éric Zemmour. Au second tour, le sortant est arrivé très largement en tête avec 82,6% contre 17,4% pour la députée du Pas-de-Calais.
Marc Fesneau, candidat dans la 1ère circonscription du Loir-et-Cher
Déjà élu dans cette circonscription en 2017, avant de démissionner de son mandat en 2018 en raison de son entrée au gouvernement, le nouveau ministre de l'Agriculture, précédemment chargé des Relations avec le Parlement dans le précédent gouvernement, remet son mandat en jeu.
Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron avait obtenu 29% des suffrages, devant Marine Le Pen (23,5%) et Jean-Luc Mélenchon (20,1%). Au second, c'est Emmanuel Macron qui s'était imposé avec 59,5%, devant Marine Le Pen, à 40,5%.
Stanislas Guerini, candidat dans la 3e circonscription de Paris
Nommé vendredi ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, le délégué général de LaREM remet en jeu son mandat, pour lequel il a été élu pour la première fois en 2017. Cette année-là, il avait été confortablement élu avec 65,5% des voix face à une candidate de l'UDI.
En avril, c'est Emmanuel Macron qui est arrivé en tête avec 37% des voix, devant Jean-Luc Mélenchon (30,2%) puis Yannick Jadot (8,4%). Au second tour, 76% des électeurs ont voté pour le chef de l'État, et 13,9% pour Marine Le Pen.
Yaël Braun-Pivet, candidate dans la 5e circonscription des Yvelines
Élue pour la première fois députée en 2017, la députée avait obtenu 58,99% des voix face au LR Jacques Myard. Désormais ministre des Outre-mer, celle qui fut présidente de la commission des Lois rempile dans une circonscription qui a largement placé Emmanuel Macron en tête en avril, avec 36,8% des voix au premier tour, contre 21,5% pour Jean-Luc Mélenchon et 11% pour Marine Le Pen.
Au second tour, c'est Emmanuel Macron qui l'a aussi emporté (76%) contre 24% pour l'ancienne présidente du RN.
Olivier Véran, candidat dans la 1ère circonscription de l’Isère
Élu en 2012, réélu en 2017 avec une entrée au gouvernement en 2020 au ministère de la Santé, Olivier Véran rempile dans sa circonscription iséroise.
La terre d'élection du nouveau ministre des Relations avec le Parlement a placé en avril Emmanuel Macron en tête au premier tour (33,5%), devant Jean-Luc Mélenchon (27,3%) puis Marine Le Pen (10,2%). Au second tour, Marine Le Pen avait été défaite avec 20,9% contre 79,1% pour Emmanuel Macron.
Gabriel Attal, candidat dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine
Élu en 2017 pour la première fois dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, au sud de Paris, la terre électorale du nouveau ministre délégué au Budget a massivement voté pour Emmanuel Macron en avril.
Le chef de l'État a récolté 38,8% des bulletins au premier tour, devant Jean-Luc Mélenchon (24,1%) et Marine Le Pen (7,7%). Au second tour, Emmanuel Macron l'a emporté avec 81,8%, contre 18,2% pour Marine Le Pen.
· Ceux pour qui la partie n'est pas gagnée d'avance
Déjà élu dans cette circonscription entre 2012 et 2016, avant de démissionner après l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats à la faveur de la mairie de Tourcoing, le ministre de l'Intérieur, reconduit vendredi dans ses fonctions, avait été élu face à une candidate du Parti socialiste en 2012 avec 54,88% des voix.
En avril, Emmanuel Macron est arrivé en première position au premier tour (28,9%) dans cette circonscription qui englobe Tourcoing, d'une courte tête seulement devant Marine Le Pen (26,2%) et Jean-Luc Mélenchon (24,7%). Au second tour, Emmanuel macron avait creusé l'écart avec Marine Le Pen, récoltant 59,5% des bulletins contre 40,5%.
Franck Riester, candidat dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne
Transfuge de LR, élu pour la première fois député en 2007 et sans discontinuer depuis, le ministre chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité, reconduit dans ses fonctions au gouvernement vendredi, veut rempiler pour un quatrième mandat.
En avril, les électeurs de sa circonscription ont placé Marine Le Pen en tête, à 27,4%, devant Emmanuel Macron (25,8%) et Jean-Luc Mélenchon (20,8%). Au second tour, Emmanuel Macron est là arrivé premier avec 52,4% des voix, contre 47,6% pour Marine Le Pen.
Clément Beaune, candidat dans la 7e circonscription de Paris
Encore jamais élu au Palais-Bourbon, l'ex-secrétaire d'État aux Affaires européennes, promu au rang de ministre délégué en gardant le même maroquin, se présente dans la 7e circonscription de Paris.
En avril, c'est Jean-Luc Mélenchon qui est largement arrivé devant avec 31,3% des voix, devant Emmanuel Macron (26,4%) et Yannick Jadot (9,9%). Au second tour, Emmanuel Macron l'a emporté avec 88,8% des bulletins, reléguant loin derrière Marine Le Pen (11,2%).
Olivier Dussopt, candidat dans la 2e circonscription d’Ardèche
L'ancien maire PS d'Annonay, élu pour la première fois député en 2007, rempile pour une quatrième élection. Précédemment ministre délégué aux Comptes publics, il a été propulsé ministre du Travail dans le gouvernement d'Élisabeth Borne.
Dans la circonscription ardéchoise, Emmanuel Macron a récolté 26,2% des voix au premier tour de la présidentielle, devançant de peu Marine Le Pen (25,5%). Jean-Luc Mélenchon avait remporté 18,5% des voix. Au second tour, le chef de l'État sortant a gagné avec 54,4%, contre 45,6% pour Marine Le Pen.
Amélie de Montchalin, candidate dans la 6e circonscription de l’Essonne
Nommée secrétaire d'État aux Affaires européennes en 2019 puis ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin se présente à nouveau aux législatives dans l'Essonne, où elle avait été élue en 2017. Vendredi, elle a été nommée ministre de la Transition écologique, directement sous la tutelle d'Élisabeth Borne.
Au premier tour, sa circonscription placé Jean-Luc Mélenchon en première place (30,7%), juste devant Emmanuel Macron (29,9%) et Marine Le Pen (13,6%). Au second, Emmanuel Macron l'a largement emporté (73,1%) contre Marine Le Pen (26,9%).
· Ceux qui sont en mauvaise posture
Damien Abad, candidat dans la 5e circonscription de l’Ain
Élu en 2017, le nouveau ministre des Solidarités est dans la tourmente, visé par des accusations de viol portées par deux femmes, selon des révélations de Mediapart.
Dans la circonscription de l'ancien président du groupe LR à l'Assemblée nationale, les électeurs ont placé Marine Le Pen largement en tête en avril au premier tour de la présidentielle (27,4%), devant Emmanuel Macron (22,7%) et Jean-Luc Mélenchon (20,3%). Au second, Emmanuel Macron s'est imposé sur le fil avec 50,8%, contre 49,2% pour Marine Le Pen.
Brigitte Bourguignon, candidate dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais
Élue en 2012, réélue en 2017, la nouvelle ministre de la Santé, précédemment ministre déléguée chargée de l'Autonomie, rempile dans une circonscription qui semble acquise à Marine Le Pen.
Au premier tour, cette terre du Pas-de-Calais a placé la candidate d'extrême droite, elle-même élue du département à Hénin-Beaumont, en première position avec 37,6% des voix, devant Emmanuel Macron (25,7%) et Jean-Luc Mélenchon (13,8%). Au second tour, les électeurs ont confirmé la première place de Marine Le Pen à 57,7%, contre 42,3% pour Emmanuel Macron.
Justine Benin, candidate dans la 2e circonscription de Guadeloupe
En Guadeloupe, Justine Benin a été élue en 2017 sous l'étiquette du MoDem. La nouvelle secrétaire d'État chargée de la Mer sera-t-elle reconduite par les électeurs? En avril, les votants ont placé Jean-Luc Mélenchon en tête, avec 52,6% des voix, devant Marine Le Pen (19,3%) et Emmanuel Macron (14,6%). Au second tour, c'est Marine Le Pen qui est cette fois arrivée largement devant Emmanuel Macron, avec 69,2% contre 30,8%.