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"Clairement non", "une parole forte": réactions contrastées après le soutien de Sarkozy à Macron

Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron

Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron - AFP

Nicolas Sarkozy a apporté ce mardi un soutien appuyé à Emmanuel Macron en vue du second tour de la présidentielle en annonçant sur Twitter qu'il voterait pour le président sortant. S'il n'est pas une réelle surprise, cet appel divise et déboussole sa famille politique.

Ils ont rêvé de son intervention sur la scène d'un meeting, espéré sa présence parmi le public ou souhaité, au moins, qu'il exprime sa position dans la presse. Les Républicains ont attendu en vain que Nicolas Sarkozy apporte son soutien à leur candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse. Mais c'est finalement deux jours après le premier tour du scrutin et la débâcle de cette dernière que l'ancien président est sorti du silence... pour déclarer sur Twitter qu'il voterait pour Emmanuel Macron le 24 avril.

La clarification n'est pas une surprise mais elle suscite des réactions contrastées au sein de la classe politique.

Simple "position personnelle" selon le patron des sénateurs LR

Sur Twitter ce mardi, sur les coups de 10h, Nicolas Sarkozy a été très clair au moment de témoigner son soutien au sortant. "Je voterai pour Emmanuel Macron", a-t-il écrit, appelant à "sortir des habitudes et réflexes partisans".

"La fidélité aux valeurs de la droite républicaine et à notre culture de gouvernement doit nous conduire à repondre à l'appel au rassemblement d'Emmanuel Macron", a-t-il même ajouté.

Cette profession de foi désoriente sa famille politique, déjà divisée sur la stratégie à tenir face à l'exécutif. Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, a voulu évacuer le sujet sur Twitter:

"La position de Nicolas Sarkozy est une position personnelle. Ce n’est pas celle de notre famille politique".

"Nous ne reconstruirons pas la droite en nous diluant dans le macronisme. Nous rebâtirons sur la fidélité à nos convictions", a-t-il tenté de balayer.

Aubert dénonce une "transhumance vers Macron"

Même courroux du côté de Julien Aubert, député élu en Vaucluse. En duplex sur BFMTV ce mardi, il a jugé l'intervention de son ancien chef aussi tardive que dangereuse.

"J'ai beaucoup attendu que Nicolas Sarkozy vienne nous aider quand Valérie Pécresse était en difficulté. Il ne l'a pas fait et il sort du silence maintenant pour dire qu'il veut une grande recomposition avec En Marche et la réponse est non. Parce que d'une part, ça arrive trop tard et parce que je crois que sur le fond, cette espèce de transhumance de tous les bords politiques qui se sont affrontés depuis trente ans vers Emmanuel Macron ne peut que conduire à faire de Marine Le Pen la seule alternative en démocratie", a-t-il expliqué.

Auparavant, le parlementaire avait osé une comparaison historique sur Twitter - lui permettant au passage de souligner une nouvelle fois la catastrophe traversée par son parti dans cette présidentielle.

"Nous attendions avant le premier tour que vous veniez aider votre famille politique. Vous parlez maintenant. C’est trop tard, comme Grouchy à Waterloo. Ce sera clairement non pour moi".

Cette droite qui se reconnaît dans les propos de son ancien patron

Le choix de Nicolas Sarkozy ne trouverait-il donc grâce auprès de personne à droite? Si, d'autres voix ont relayé sans tarder l'appel de l'ex-président de la République. C'est notamment le cas de Franck Louvrier, maire de La Baule et ancien conseiller en communication de l'ancien président, qui a salué cette clarification.

"Il n'était pas rentré dans la campagne électorale. A partir du moment où les résultats sont ceux que l'on connaît, il est normal qu'il donne sa position très clairement. Marine Le Pen n'est pas très loin de l'Élysée et lui qui a toujours été un combattant contre les extrêmes et notamment l'extrême droite, il est essentiel qu'il puisse appuyer sa position".

"Le ni-ni est une erreur d'approche politique, il faut dire les choses clairement et il faut aller vers une majorité de coalition", a-t-il même avancé. .

Ce désir exprimé par Nicolas Sarkozy "de sortir des réflexes partisans" et cette volonté de construire "une majorité de coalition" à l'issue des législatives portée par certains élus renvoient en écho les paroles d'Emmanuel Macron dimanche soir. Face à ses sympathisants, il avait esquissé l'élaboration d'un "grand mouvement politique d'unité".

Le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier a, lui, déjà quitté Les Républicains - en novembre dernier - sur fond de renouvellement de sa majorité avec l'apport de la macronie locale. C'est donc sans surprise qu'il s'est retrouvé ce mardi dans les propos de Nicolas Sarkozy.

"Dans la droite ligne de nos valeurs et de notre histoire, Nicolas Sarkozy appelle à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Par sa déclaration, il montre clairement la voie! Une parole forte, à la hauteur de ce qu’est vraiment la droite française", a-t-il loué.

L'extrême droite railleuse

Dans le contexte de cette campagne d'entre-deux tours, la déclaration de Nicolas Sarkozy soulève des secousses au-delà des seuls Républicains. Gilbert Collard - ancien cadre du Rassemblement national, rallié à Éric Zemmour - a ainsi voulu croire sur Twitter: "La dernière trahison de Sarkozy met un point final à la fiction LR qui n'est plus que l'antichambre de la macronie: désormais, la droite a un seul leader, Éric Zemmour, et un seul parti, Reconquête !"

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Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV