Présidentielle: quelles sont les réserves de voix de Macron et Le Pen pour le second tour?

Emmanuel Macron et Marine Le Pen. - PIERRE-OSCAR BRUNET / BFMTV
Après 2017, le duel Macron-Le Pen se retrouve au second tour cette année. Avec 28,2% des voix, Emmanuel Macron se place devant sa rivale Marine Le Pen, créditée de 22,9% des suffrages. Pourtant, la victoire du président sortant n'est pas jouée. Avec des partis historiques, LR et le PS, au plus bas, les réserves de voix des candidats apparaissent éclatées, et le risque d'abstention est une nouvelle fois élevé.
Si Emmanuel Macron était arrivé largement victorieux au second tour cinq ans plus tôt, avec plus de 66% des voix, contre 33,90% pour Marine Le Pen, la dynamique cette année pourrait bien être différente. Un premier sondage réalisé par Elabe pour BFMTV donne les deux candidats au coude-à-coude avec 52% pour le président sortant et 48% pour sa rivale.
Pour l'emporter, Emmanuel Macron va devoir profiter du report de voix de plusieurs candidats. Pour Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe, "(le candidat LaREM) a un réservoir de voix chez une partie des électeurs de Valérie Pécresse, mais cela représente peu de suffrages", explique-t-il sur BFMTV.
Les électeurs de Mélenchon divisés
Le candidat à sa réélection devra donc aller piocher ailleurs. Dans ce cadre, Jean-Luc Mélenchon, avec plus de 20% des voix, constituerait une prise précieuse, mais complexe.
"Il a un potentiel sur les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, mais qui est aujourd'hui à l'équilibre entre ce que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon apporteraient à Marine Le Pen", estime Bernard Sananès.
Pour lui, l'absention devrait être forte chez les électeurs insoumis, dont le candidat n'a pas explicitement appelé à voter pour Emmanuel Macron.
Le directeur d'Elabe parle d'un vote partagé en trois: "Un tiers Macron, un tiers Le Pen, un tiers abstention", malgré l'appel du candidat LFI à ne pas voter pour la candidate d'extrême droite.
"Pour Emmanuel Macron, c'est aussi une campagne différente qui commence. Finalement, pour arriver en tête au premier tour, il a dû capter le vote de droite. Pour gagner au second tour, il doit capter le vote de Jean-Luc Mélenchon. Quelle colère sera plus forte: la colère anti-Macron ou le rejet de Le Pen? C'est une des questions de ce second tour", analyse-t-il.
Un vote de rejet de Macron?
Du côté de Marine Le Pen, si la candidate prévilégie d'abord de capter les votes de la droite, les voix de Valérie Pécresse, d'Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan, aux scores plutôt faibles, respectivement 7,3%, 4,9% et 2,1%, risquent de ne pas suffire pour rattraper Emmanuel Macron. Et ce bien que ces deux derniers aient appelé leurs électeurs à donner leurs voix à la candidate d'extrême droite.
"Pour aller jusqu'à 50%, il lui faut aller prendre des électeurs partout ailleurs et donc pour ça il n'y a qu'une seule stratégie: apparaître comme le vote utile anti-Macron. Ça s'appelle le dégagisme", analyse Laurent Neumann, éditorialiste politique pour BFMTV.
Pour Bernard Sananès, rien n'est encore joué cependant. Notamment chez les jeunes qui pourraient faire basculer le scrutin s'ils se mobilisent.
"Ça peut bouger, les appels de Jean-Luc Mélenchon (dimanche) ont été clairs, ils vont sans doute provoquer un impact. On verra notamment chez les jeunes qui ont placé Mélenchon en tête, les moins de 35 ans, et de manière assez nette", assure-t-il, rappelant qu'en 2002, ils avaient été nombreux à se rendre aux urnes au second tour.
A l'annonce des résultats du premier tour dimanche, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel ont appelé à voter pour Emmanuel Macron et de l'autre Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan pour Marine Le Pen.