ÉDITO - Mélenchon "fait de la politique avec ce procès, à défaut d'un procès politique"

Le procès de Jean-Luc Mélenchon et cinq membres de La France insoumise pour "rébellion, provocation et actes d'intimidation envers l'autorité judiciaire" supposés lors d'une perquisition en octobre 2018 s'ouvre ce mercredi à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Un procès que le chef de file des Insoumis dénonce comme "politique".

"Non, il n'y a pas de conjuration des juges, il n'y a pas de traquenard tendu par Nicole Belloubet. Même si en France la justice fait partie de la politique, et parfois les juges font de la politique. C'est peut-être vrai dans cette affaire-là, c'est vrai aussi quand on fait poireauter le MoDem pendant trois ans avant qu'il n'y ait le moindre acte dans l'affaire des attachés parlementaires, c'est vrai aussi quand on met François Fillon en examen très rapidement pendant la présidentielle 2017, puis pas de procès avant 2020, c'est vrai aussi que dans l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy a été dans la cible."
"Les juges font partie d'un décor politique"
"Oui, les juges font partie d'un décor politique, d'un feuilleton politique; ils ne sont pas dans un complot ad hominem contre Jean-Luc Mélenchon. Lui, en revanche, il fait un coup politique: il fait de la politique avec ce procès, à défaut d'un procès politique. Notamment en sortant ce livre, où il met "un procès politique en France" à la une. (...)
Ça peut se retourner contre lui, car il a des arguments à faire valoir, mais tout de même, les images parlent. Elles sont là, et on voit bien que Jean-Luc Mélenchon, en disant que c'est un procès politique, comme ça fait flop, rate sa rentrée politique. Il en a fait un peu trop sur ce registre-là depuis quelques semaines, donc il y a un petit effet boomerang."
Jean-Luc Mélenchon peut-il risquer son avenir politique?
"Il peut risquer des peines de prison si on va au pire, d'ailleurs il le met en avant, en disant 'On veut m'envoyer en prison, on veut m'éliminer', et puis il y a l'inéligibilité qui est toujours une épée de Damoclès. Je parie que ça ne sera pas le cas. D'ailleurs, le procès peut être ajourné ce matin, pour des tas de raison techniques et juridiques, mais surtout, je ne pense pas qu'il faille, pour ce qu'on en a vu, et les images ont été complexes, condamner gravement Jean-Luc Mélenchon.
Par ailleurs, c'est le fond de l'affaire qui compte. Est-ce que sur la présidentielle 2017, est-ce que sur les attachés parlementaires européens, il y a des choses réelles à reprocher à ce parti? Autour, ça a été un événement spectaculaire mais ce n'est pas le fond du dossier. Et puis Mélenchon a obtenu à l'époque ce qu'il voulait: la perquisition. Elle a été interrompue: on ne sait pas ce que la justice aurait trouvé, a trouvé, n'a pas trouvé."