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EDITO - L'allocution "ratée" et "sépulcrale" de Macron

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Pour Christophe Barbier, le pessimisme employé par Emmanuel Macron lors de son allocution le jour du remaniement, est "excessif".

Le Président de la République Emmanuel Macron, s'est adressé mardi soir aux Français quelques heures après l'annonce du nouveau gouvernement. Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, cette allocution dans la pénombre et sans prompteur, enregistrée dans les conditions du direct, est "ratée" et "sépulcrale".

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"J’ai trouvé que c’était sépulcral sur le fond et la forme. Sur la forme, regardez cet éclairage improbable en contre plongée qui vient de sous la table et transforme le président en personnage fantomatique, qui semble ne pas s’être rasé depuis deux jours. Et pas un sourire, une voix sourde! Pourquoi ce choix? Pour nous donner quoi? L’image d’un président humble qui n’est pas arrogant? Qui peut être maladroit? Qui baisse les yeux en permanence vers ses notes? Si c’est ça, c’est de la communication avec des gros sabots.

Le fond est tellement pessimiste: 'Les extrêmes montent partout, le monde va vers des catastrophes, nous sommes comme des somnambules'. Il parle des somnambules comme Christopher Clarke, un auteur qui a écrit Les somnambules, pour raconter comment l’Europe a marché vers la Première guerre mondiale. 'Si j’échoue, les nationalistes nous emmèneront vers la guerre!'. Ce choix du pessimisme crépusculaire, je pense qu’il est un peu excessif dans la communication d’hier, surtout un jour de remaniement.

"Ce n’est pas un gouvernement Philippe, c’est un gouvernement Macron"

Il n'y a d'ailleurs pas d’allusion au gouvernement, pas de feuille de route, pas de mission donnée. On a l’impression pour lui que c’était un non-événement. Richard Ferrand nous avait dit 'vous allez voir il va y avoir un nouveau souffle'. Non! Il y a de la contradiction dans le message, il faut expliquer cela plus clairement cette allusion ne nous suffira pas.

Ce n’est pas un gouvernement Philippe, c’est bien un gouvernement Macron avec le même cap et le même cocktail, avec des membres de la société civile, des membres d’En Marche méritants et des gens issus de la gauche et de la droite. On a quand même Macron qui garde la main sur le gouvernail. Il y a un cap, il y a un capitaine, est-ce qu’il y aura une capacité pour ce gouvernement? À voir dès les semaines qui viennent, parce qu’elles passent vite les semaines et le rendez-vous des élections européennes, c’est fin mai!".

Guillaume Dussourt