Dans son discours, Emmanuel Macron se voit déjà à l'Elysée
Un essaim de motos entourant une berline, une main agitée, debout sur le marche-pied d'une voiture, une fête avec le cercle rapproché dans une brasserie parisienne: les images d'Emmanuel Macron au soir de sa qualification au second tour ressemblent, à s'y méprendre, à celles d'un candidat élu président de la République.
"Aux millions de Françaises et de Français qui m'ont ce soir fait confiance, en votant pour moi, je veux dire merci. Je veux dire que j'en mesure la charge, et c'est ce soir une joie grave, lucide qui m'habite", lance le leader d'En Marche! devant ses militants, rassemblés Porte de Versailles à Paris.
Emmanuel Macron tient un discours de projection au-delà du second tour, comme si sa victoire était déjà acquise. "Je veux dès à présent construire une majorité de gouvernement", clame-t-il, sans citer le nom de son adversaire au second tour. "En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française", se félicite l'ancien banquier d'affaire, donnant l'impression que la mission était accomplie.
Loin de 2002
L'ancien ministre de l'Économie fait monter son épouse Brigitte sur scène, remercie ses proches, ses soutiens, loin du discours de combat de Jacques Chirac en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen s'était hissé au deuxième tour. "Ce qui est en cause, c'est notre cohésion nationale, ce sont les valeurs de la République", déclarait alors le chef de l'Etat.
Manifestement, Emmanuel Macron ne se place pas dans cette logique de front républicain assimilable à une "union sacrée", et espère encore susciter l'adhésion entre les deux tours: "Le défi à partir de ce soir n'est pas d'aller voter contre qui que ce soit", affirme-t-il, "le défi à partir de ce soir est de décider de rompre jusqu'au bout avec le système qui a été incapable de rompre avec le pays depuis plus de trente ans."
Il reste cependant, avant le 7 mai, deux semaines de campagne, et un débat télévisé face à Marine Le Pen, bien décidée à faire mentir les sondages.