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Comment Hulot justifie son absence remarquée aux Etats généraux de l'alimentation

Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot (image d'illustration)

Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot (image d'illustration) - Ludovic Marin - AFP

Le ministre de la Transition écologique n'a pas participé jeudi à la clôture des Etats généraux de l'alimentation, jugeant que les conclusions n'étaient "pas à la hauteur". Cette absence a relancé les spéculations sur son avenir, mais Nicolas Hulot a précisé à RMC qu'il ne songeait pas pour autant à démissionner.

L’absence largement remarquée de Nicolas Hulot lors de la clôture des Etats généraux de l’alimentation (EGA), ce jeudi, a suscité de nombreuses questions après six mois de débat.

L'ancien animateur devait pourtant y prononcer une allocution en fin de matinée, mais au dernier moment, un organisateur a annoncé sur place le jour-même que le ministre ne viendrait pas, évoquant un "problème d'agenda". Dans un premier temps, le ministère de la Transition écologique n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP. Selon l'agenda de Matignon, Edouard Philippe devait conclure les Etats généraux à 18h ce jeudi avant de recevoir Nicolas Hulot à 19h30. Finalement, la rencontre a été reportée à ce vendredi matin.

Inquiétudes des ONG

Selon un proche de Nicolas Hulot, ce dernier "attendait le discours du Premier ministre pour voir les arbitrages finaux". Mais les ONG se sont aussitôt inquiétées de cette absence. "Le ministre de la Transition écologique retirerait-il sa caution aux conclusions des Etats généraux ?", s'est interrogée "la plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire", qui réunit une cinquantaine d'organisations.

"Les décisions sur la phase sociétale et environnementale sont reportées à plus tard. Nous attendons des mesures concrètes avec des calendriers et des moyens", soulignent-elles dans un communiqué. Elles déplorent un manque d'ambition et de soutien financier concernant l'agriculture biologique, la sortie des pesticides ou la lutte contre les contaminants chimiques.

Les mesures issues des Etats généraux, telles que connues à la mi-journée, font la part belle à des questions comme les prix et renvoient à 2018 celle de la transition écologique de l'agriculture.

"Le compte n'y est pas" pour Hulot

Dans la soirée de jeudi, Nicolas Hulot a expliqué sa position au journal Le Monde. "Le compte n’y est pas, ce n’était pas suffisamment conclusif et, donc, ce n’était pas pour moi le temps de conclure", a-t-il confié. "Ce n’est pas un psychodrame, je considère que les conclusions ne sont pas à la hauteur de la qualité du travail extraordinaire et des propositions qui ont été faites dans les ateliers. Je ne vais donc pas aller faire le beau ou aller dire dans un micro que le compte n’y est pas", poursuit-il. 

Nicolas Hulot a néanmoins confirmé dans un message adressé ce vendredi matin à RMC, qu'il ne démissionnerait pas du gouvernement. "Pas une seconde je n’ai pensé à démissionner", écrit-il. 

Des tensions s'étaient déjà fait sentir lors de la préparation de ces Etats généraux entre le ministre de la Transition écologique et solidaire et celui de l’Agriculture, Stéphane Travert. Les deux ministres ont à plusieurs reprises exprimé des positions divergentes sur des dossiers tels que les insecticides néonicotinoïdes et le glyphosate. "Il était furieux quand il a lu les conclusions, transmises tardivement par le ministère de l’Agriculture, il ne les trouvait pas raccord avec les déclarations du président de la République lors de la journée des EGA à Rungis [le 11 octobre]", assure un proche du ministre cité par Le Monde.

Interrogé ce vendredi matin sur RTL au sujet de l'absence de son collègue, Stéphane Travert, visiblement embarrassé, a indiqué ne pas vouloir faire de "commentaires". "Il n’est pas venu à la clôture. Je n’ai pas autre chose à vous dire que cela. Il n’est pas venu : très bien. Enfin, je pense que certainement il avait d’autres choses à faire", a-t-il expliqué. 

Refus "d'une telle clôture"

Les ONG, parmi lesquelles France Nature Environnement, Greenpeace France, l'UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, ont refusé jeudi "une telle clôture des Etats généraux de l'alimentation" et appelé "le président de la République à honorer les conclusions" des discussions qui se sont tenues lors des Etats généraux, "en cohérence avec son discours de Rungis".

Le 11 octobre à Rungis, Emmanuel Macron avait promis une nouvelle loi sur les négociations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs, mais aussi réaffirmé son engagement de campagne d'atteindre "50% de produits bio ou locaux d'ici 2022 en restauration collective". Il avait aussi réaffirmé l'objectif de "transformer le modèle agricole dans lequel nous nous sommes enferrés" et qui "n'est pas durable".

M.P avec AFP