Victimes, suspect, enquête... Ce que l'on sait au lendemain des tirs meurtriers à Paris

Après la mort de trois personnes vendredi à Paris tuées par balles dans une fusillade, les victimes commencent peu à peu à être identifiées. La fusillade qui a éclaté dans le 10e arrondissement de la capitale a aussi fait trois blessés. Un homme a ouvert le feu hier vers 12h, sur plusieurs établissements dont un restaurant, un coiffeur et un centre culturel kurde Ahmet Kaya de la rue d'Enghien.
• Qui est le suspect?
Le suspect de cette attaque âgé de 69 ans a été interpellé vendredi et placé en garde à vue. Il est d'ailleurs lui-même blessé au visage. Les policiers ont saisi un Colt 5. Une enquête est ouverte pour assassinats, tentatives d'assassinat et violences avec armes.
William M. est un ancien cheminot de la SNCF à la retraite depuis 2018. Il est connu des services de police pour des violences a caractères racistes. Selon nos informations, il a dit vouloir s'en prendre à la communauté kurde. Lors de son interpellation, il s'est décrit comme "raciste", a-t-on appris de sources concordantes, confirmant une information du JDD. C'est ainsi que l'individu, a motivé son geste auprès des forces de l'ordre. On ignore, à ce stade, s'il a réitéré ces propos lors de sa garde à vue, durant ses auditions.
Il est visé dans deux dossiers judiciaires. L'un portant sur l'agression d'un camp de migrants le 8 décembre 2021 à Paris, où il est accusé d'avoir agressé des migrants à coup de sabre. Il avait été placé en détention provisoire et remis en liberté le 12 décembre dernier car il allait atteindre le délai maximal de détention provisoire possible pour ce type d'infraction.
Pourquoi l'instruction dure depuis plus d'un an? "Cette instruction a connu des difficultés et longueurs. Déjà il a fallu joindre les victimes, qui sont des migrants donc plus complexes à joindre et enfin il y a un volet psy important et donc il a fallu faire des expertises qui prennent du temps", a expliqué une source judiciaire à BFMTV.
L'homme a aussi été condamné le 30 juin dernier par le tribunal de Bobigny a un an de prison pour des violences, des coups de couteau assenés à trois personnes à son domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en février 2016. Il a fait appel le 8 juillet dernier.
Il s'est défendu et a blessé sévèrement les deux cambrioleurs à coups de couteau. L'un s'est notamment vu décerner plus de six mois d'incapacité totale de travail. Selon nos informations, il a vécu cette condamnation comme une injustice.
• Qui sont les victimes?
Trois personnes sont décédées dans cette attaque. Une femme Emine K., militante kurde qui avait combattu contre Daesh en Syrie. Elle avait fait une demande d'asile politique mais qui a été rejeté "par les autorités françaises", a précisé vendredi le porte-parole du conseil démocratique kurde en France (CDKF), Agit Polat.
"Cette femme est venue en France car elle avait été blessée dans le combat contre Daesh. Elle a combattu dans le Nord et l'Est de la Syrie. Elle était venue en France pour être soignée", raconte ce samedi Berivan Firat, la porte-parole du conseil démocratique kurde en France (CDKF) sur le plateau de BFMTV.
"Elle a combattu pour la protection de la France. Malheureusement, la France n'a pas pu la protéger puisqu'elle a été tuée à Paris", regrette la porte-parole.
Un autre homme, réfugié politique, est "jeune chanteur, auteur compositeur qui justement écrivait des textes en kurde", fait savoir Berivan Firat. L'un de ses proches, Vedat parle au micro de BFMTV d'un passionné de lettres et "d'un chanteur connu qui était en France pour dénoncer la barbarie turque". "Il aimait la vie", indique-t-il.
"Ses textes dérangeaient le système d'Erdogan, souligne la porte-parole. Donc il a fait face à un procès, un emprisonnement et il a du se réfugier en France. Il a été tué alors qu'il mangeait tranquillement au restaurant en face du centre démocratique kurde."
La troisième victime de la fusillade est Abdulrahma K., âgé de 48 ans. "C'est un homme qui était dans toutes les actions, les manifestations des kurdes. C'était un homme qui avait voué sa vie à la lutte kurde, avec sa présence", résume Berivan Firat.
Du côté des blessés, il s'agit d'un Français âgé de 32 ans, et de deux autres hommes de nationalités turques âgés de 31 et 46 ans, selon les informations de BFMTV. Toujours hospitalisés, leurs jours n'étaient plus en danger vendredi soir.
• Où en est l'enquête?
Une enquête est ouverte pour assassinats, tentatives d’assassinats et violences avec armes. Le caractère raciste n'est pas mentionné dans les chefs d'ouverture d'enquête, mais pourrait être retenu au moment de la mise en examen à l'issue de la garde à vue. C'est une circonstance aggravante qui augmente la peine encourue.
Le parquet de Paris a confié l’enquête à la brigade criminelle et à la police judiciaire. Selon les informations de BFMTV, le Parquet national antiterroriste est en observation de la situation, pour évaluer s’il reprend l’enquête. Notamment en fonction de ce que dira le suspect en audition, et des éléments qui seront retrouvés le concernant.
Une situation que regrette la porte-parole de CDKF, "la communauté kurde a été directement visée. C'est pour cela que nous refusons la qualification d'acte raciste. Nous maintenons et nous disons que c'est un acte terroriste."
Le ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin indiquait vendredi que "le tueur avait manifestement agi seul".
"Il n'était pas connu des services de renseignement, ni de la DGSI, ni de la direction des renseignements de Paris, ni des renseignements territoriaux, ni des services de renseignements pénitentiaires pour radicalisation", avait-t-il affirmé devant la presse.