Tireur arrêté: "complot fasciste" et témoin-clé, le point sur l'enquête

Le procureur de la République, François Molins, fait un point sur l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, le 21 novembre 2013 à Paris. - -
Dans l'affaire du tireur de Paris, la vidéosurveillance s'est montrée plus décisive que l'ADN. De l'aveu même du procureur, François Molins, "l'ADN n’a pas permis d’identifier l'auteur des faits". Après six jours de traque, l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, 48 ans, ancien complice de Florence Rey et Aubry Maupin, qui avaient semé la terreur en 1994, a finalement été possible grâce à la vidéosurveillance et les images qu'elles ont permis de générer. Le point sur les principales déclarations du procureur.
> L'aide de la vidéosurveillance
Dès lundi après-midi, des images issues de bandes de vidéosurveillance, notamment dans le hall de BFMTV, sont diffusées par la police, accompagnées d'un appel à témoins. Un dispositif complété par la diffusion d'une nouvelle photo, plus nette et plus serrée du tireur, mardi. "La diffusion de cet appel à témoins a été particulièrement déterminante", a insisté le procureur.
"Le tournant décisif est intervenu mercredi soir, avec la venue d’un témoin qui s’est présenté au commissariat de Courbevoie" après avoir reconnu Abdelhakim Dekhar grâce aux photos diffusées. "Il a reconnu son ami sur les images de vidéosurveillance diffusées, son visage et ses vêtements", détaille le procureur.
Quant aux traces ADN retrouvées sur les douilles à Libération, la cartouche devant la Société générale et dans la voiture de l'homme qui l'a conduit sous la contrainte, de Puteaux au rond-point de l'Etoile, elles ont permis de confirmer qu'il s'agissait d'un seul et même homme, mais pas de le confondre.
> Un témoin décisif
Si les images ont permis rapidement de dresser un portrait du tireur en fuite, l'enquête a connu une accélération fulgurante grace au témoignage de l'homme ayant hébergé Abdelhakim Dekhar. Un "témoignage décisif", comme l'a souligné le procureur Molins.
"Ce témoin a donné toutes les informations sur le lieu où se trouvait Abdelhakim Dekhar. Sur ses indications, les autorités l'ont trouvé dans un état semi-conscient, dans une voiture placée dans un parking de Bois-Colombe (92)", a précisé le procureur.
Ce témoin, un homme né en avril 1981, est un proche de Dekhar qu'il a "rencontré il y a 13 ans, à Londres". "Depuis, il l'a accueilli chez lui en France pour de courts séjours réguliers. Abdelhakim Dekhar est revenu en France en juillet 2013. Il avait dit à son ami qu’il venait pour des vacances mais est il resté jusqu’au 10 novembre 2013", a expliqué le procureur. Puis Abdelhakim Dekhar part "passer quelques jours à l’étranger", selon le témoin, et revient le 18 novembre. Justement le jour des tirs dans le hall de Libération.
Dans la nuit du 19 au 20 novembre, les deux hommes se retrouvent. "Le témoin a vu le mis en cause et lui a dit qu'il ne souhaitait plus l’accueillir, qu'il l’avait reconnu", précise encore le procureur. C'est à ce moment-là qu'Abdelhakim Dekhar lui a dit "vouloir mettre fin à ses jours".
> Dekhar retrouvé inconscient
Lorsqu'il est retrouvé par la police mercredi après-midi, dans une voiture stationnée dans un parking, les enquêteurs découvrent Abdelhakim Dekhar inconscient, du Xanax et de l'Imovane (sédatif hypnotique) à proximité.
Les enquêteurs retrouvent aussi une lettre et une paire de lunettes, justement celle qu'il portait sur les images isolées par les caméras du métro. Dans la lettre, Dekhar évoque un "complot fasciste".
> Un "complot fasciste"
Placé en garde à vue pour "tentatives d’assassinat" et "enlèvement et séquestration", Abdelhakim Dekhar va désormais devoir répondre de ses actes. Et de ses motivations. Car la lettre qu'il a laissée, dans laquelle il évoque un "complot fasciste" tout en fustigeant "la gestion des banlieues" et le "capitalisme", était plutôt confuse. Toujours hospitalisé mais sorti d'affaire, "Abdelhakim Dekhar est désormais audible", a précisé le procureur. Son audition va donc pouvoir commencer.