Attentat déjoué: les trois suspects se revendiquent de Daesh

Le sémaphore de Cap-Bear, à Port-Vendres. Un attentat terroriste déjoué prévoyait la décapitation d'un militaire gradé de cette base. - Raymond Roig - AFP
Les trois suspects interpellés lundi dans le cadre d'une enquête sur un projet d'attentat ont été transférés jeudi soir du siège de la DGSI vers le tribunal de Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir projeté l'attaque d'une installation militaire des Pyrénées-Orientales et la décapitation d'un officier.
Après ce transfert, ils doivent être présentés dans la journée à un juge d'instruction. A l'issue de leur audition avec le juge, ils devraient être mis en examen dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet antiterroriste pour association de malfaiteur en vue de commettre des actes terroristes.
L'instigateur âgé de 17 ans
Âgés de 17, 19 et 23 ans, les trois hommes avaient été interpellés dans plusieurs endroits en France. Un quatrième jeune homme de 16 ans avait aussi été arrêté avant d'être libéré mercredi soir. Celui présenté comme l'instigateur de l'opération est âgé de 17 ans. Ismael, arrêté dans le Nord de la France, était inscrit au fichier des personnes recherchées.
Après avoir été convoqué par la DGSI en automne dernier il était sous le coup d'une interdiction de sortie de territoire. C'est par la surveillance de ce jeune homme que les autorités ont pu remonter jusqu'à ses deux complices.
Le plus âgé des trois suspects, Djibril, était un ancien militaire de la marine nationale. Celui qui se faisait appeler "l'Émir" était jusqu'en janvier dernier matelot de première classe. Après plusieurs arrêts maladie il avait été révoqué. Lui aussi faisait l'objet d'un signalement pour sa radicalisation. Le dernier suspect âgé de 19 ans a lui été interpellé dans les Yvelines.
Un projet de départ en Syrie abandonné
Les trois hommes s'étaient rencontrés sur les réseaux sociaux et via des applications cryptées. Un billet de train retrouvé chez l'un d'eux accrédite l'hypothèse selon laquelle ils comptaient se rencontrer rapidement. Ils auraient initialement envisagé de se rendre en Syrie mais se sachant surveillés ils auraient renoncé. Un jihadiste avec qui ils étaient en contact dans ce pays leur aurait alors conseillé de passer à l'action en France.
Selon une source proche du dossier, les trois hommes, qui se réclament en garde à vue de l'organisation État islamique et revendiquent leur engagement jihadiste, auraient projeté d'attaquer le Fort Béar, un camp militaire situé sur les hauteurs de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales).
Ils auraient envisagé d'y tuer des militaires en poste dans ce sémaphore, et de décapiter le chef du détachement, a expliqué la source. Une scène que, selon une source proche de l'enquête, ils auraient souhaité filmer pour la diffuser sur Internet. Fort Béar, qui domine la Méditerranée, abrite le centre national d'entraînement commando, tout près de Collioure.