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Police-Justice

Du "rêve de vivre dans un califat" aux "doutes" sur Daesh: le parcours de Jennyfer Clain, revenante de Syrie

La cour d'assises de Paris.

La cour d'assises de Paris. - AFP

Jennyfer Clain, la nièce du responsable francophone de la propagande de Daesh, comparaissait ce lundi devant la cour d'assises spécialement composée à Paris. Un procès qui dure jusqu'au 26 septembre.

C'est une femme qui reconnaît sa "culpabilité" et qui "regrette tellement" les faits qui lui sont reprochés. Jennyfer Clain, 34 ans, comparaissait libre ce lundi 15 septembre devant la cour d'assises spécialement composée, sur l'île de la Cité à Paris, au côté de deux autres "revenantes" de Syrie: sa belle-mère Christine Allain, 67 ans, et sa belle-sœur Mayalen Duhart, 42 ans.

Jennyfer Clain est la nièce des frères Jean-Michel et Fabien Clain, deux responsables de la propagande terroriste de l'État islamique, tués sur le territoire irako-syrien. Fabien Clain s'était notamment fait connaître en étant la "voix" qui avait lu le texte de revendication des attentats du 13-novembre, sur fond de chants religieux jihadistes.

C'est d'ailleurs la volonté de rejoindre ses oncles qui avait conduit Jennyfer Clain à se marier religieusement à 16 ans avec un Français acquis à l'idéologie jihadiste, Kevin Gonot. Elle les avait ensuite suivis à Raqqa, en Syrie, avec leurs quatre enfants alors âgés de 4 mois à 5 ans. Sur place, le couple est soupçonné d'être devenu membre de l'État islamique, et d'avoir participé à la mécanique terroriste.

Elle "erre de ville en ville jusqu'à son arrestation"

Aujourd'hui, elle reconnaît "avoir adhéré au projet terroriste tueur" et y "avoir amené (s)es enfants alors (qu'elle) devait les protéger."

"Je suis coupable. Je regrette. Je regrette tellement. Mais je ne peux pas revenir en arrière. Malheureusement", déplore-t-elle dans une courte déclaration.

"Aujourd'hui, je suis devant vous comme je l'ai été depuis les six dernières années. Sincère et transparente pour que vous puissiez me juger", poursuit Jennyfer Clain.

L'enquêtrice de personnalité explique que "Jennyfer dit qu'elle a accompli son rêve" à son arrivée en Syrie, car "son rêve est de vivre dans un califat". "En Syrie, elle assure qu'elle avait une vie normale, qu'elle se consacrait à ses enfants. Qu'elle allait au parc, qu'elle cuisinait, qu'elle faisait des activités manuelles", poursuit l'enquêtrice à la cour d'assises. Cette dernière raconte "les doutes concernant Daesh" qui envahissent alors Jennyfer Clain.

"Lorsqu'elle se rend compte que certains de ses proches sont arrêtés et torturés... En 2016, elle quitte Raqqa et erre de ville en ville jusqu'à son arrestation", indique-t-elle.

En septembre 2019, elle est de retour en France, après avoir été expulsée de Turquie où elle avait été arrêtée, avec sa belle-mère et sa belle-sœur. "En détention en France, elle s'inscrit en psychologie pour tenter de comprendre les mécanismes qui l'ont menée là. D'après elle, beaucoup de choses sont dues à son enfance", détaille l'enquêtrice de personnalité. Cette dernière confie qu'en 2022 Jennyfer Clain lui disait "qu'elle était toujours musulmane pratiquante". "Mais beaucoup moins fermée. Elle acceptait ainsi de parler à d'autres personnes qui ne sont pas forcément musulmans", détaille l'enquêtrice de personnalité.

Le verdict est attendu le 26 septembre prochain au terme d'un procès au cours duquel 21 témoins sont cités à comparaître. Jugée pour association de malfaiteurs terroristes, elle encourt une peine allant jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle et 450.000 euros d'amende. Jennyfer Clain est également poursuivie pour s'être soustraites à ses obligations parentales, notamment pour avoir emmené volontairement leurs enfants "dans une zone en guerre pour y rejoindre un groupe terroriste, en les exposant ainsi à un risque important d'atteinte physique et psychologique" et "de graves traumatismes".

Vincent Vantighem