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Police-Justice

Procès Fillon: des réquisitions très sévères attendues

François et Penelope FIllon encourent jusqu'à 10 ans de prison.

François et Penelope FIllon encourent jusqu'à 10 ans de prison. - AFP

Le parquet national financier va livrer ses réquisitions ce mardi après-midi dans le procès Fillon. Le couple encourt jusqu'à 10 ans de prison alors que la défense a bien eu du mal à prouver la véracité de l'emploi d'assistante parlementaire de son époux.

Place à l'accusation au procès Fillon. Le parquet national financier prend ce mardi après-midi ses réquisitions contre François Fillon, sa femme Penelope et son ancien suppléant Marc Joulaud. Des réquisitions très attendues car au terme de près de trois semaines de procès, de la prison ferme pourrait en effet être demandée à l'encontre de l'ancien Premier ministre. Le détournement de fond public, comme la complicité de ce délit, étant puni jusqu'à 10 ans de prison.

Tout au long du procès, les époux Fillon se sont évertués à prouver que Penelope Fillon a bel et bien fourni un travail lorsqu'elle était assistante de son mari puis du suppléant de ce dernier. Entre 1998 et 2013, Penelope Fillon a perçu au total 613.000 euros net - un million d'euros brut - au titre de trois contrats connus seulement de quelques proches, pour un travail aux preuves matérielles quasi inexistantes.

34 témoignages favorables aux Fillon

Au fil des débats, parfois houleux, poussés, le rôle et le travail de Penelope Fillon reste flou. A la barre, la femme de l'ancien Premier ministre s'est montrée hésitante, floue, incapable de donner des exemples précis de ses tâches. "On nous a expliqué qu’elle a été la donneuse d’ordres, c’est le mot qui a été employé, du secrétariat de François Fillon, décrypte Sylvie Bommel, auteure d'un livre sur Penelope Fillon. Pas de chance, la secrétaire, on l’a vue la semaine dernière, et je ne vois pas du tout Penelope Fillon lui donner des ordres."

Et d'ajouter: "La distance se creuse entre ce personnage et la personne qu’on a là devant la barre. C’est incroyable... Qui est tellement timide, dont on n’entend pas le son de la voix."

Incapable parfois de répondre, Penelope Fillon a souvent laissé son mari répondre à sa place. La bête politique a plusieurs fois brandi la "séparation des pouvoirs" s'agissant du détail des tâches et des salaires. Il s'est évertué à convaincre le tribunal correctionnel que ce travail est d'autant plus varié lorsque le collaborateur est le conjoint, une pratique désormais interdite. La défense n'a cessé de présenter Penelope Fillon autrement que comme la femme de, notamment en présentant à la cour 34 témoignages de Sarthois attestant de ses activités.

"Ces témoins-là, sauf à imaginer la plus grande entreprise jamais réalisée, même la mafia sicilienne n'a jamais réussi à faire ça, de subordination de 14 personnes, de 3 préfets, d'un sous-préfet, de gens qui ne se connaissent pas, le fait est qu'ils ont témoigné, chacun à leur manière, du travail qu'elle réalisait", tonne Me Antonin Lévy, l'avocat de François Fillon.

"Rôle social" d'épouse

Les procureurs estiment que les activités décrites relèvent "davantage du rôle social d'un conjoint d'élu" que d'un emploi d'assistant parlementaire à proprement parler. Il existe à leurs yeux une "confusion" entre la vie sociale de Penelope Fillon, la vie professionnelle dont elle se prévaut et la vie politique de François Fillon. Provoquant, les deux procureurs ont d'ailleurs assuré à cette dernière leur "empathie". Cette notion de "rôle social" de l'épouse a été maintes fois raillée par l'ancien Premier ministre, qui s'en est pris à l'"archaïsme" du parquet national financier.

"Ce n’est pas parce que tout le monde grille un feu rouge que ce n’est pas une infraction", a taclé Me Yves Claisse, l'avocat de l'Assemblée nationale, seule partie civile, qui a plaidé lundi. L'institution réclame un peu plus d'un million d'euros de dommages et intérêts au couple Fillon, soit l'intégralité des sommes perçues par Penelope Fillon au titre de revenus.

L'exemple Balkany est dans toutes les têtes, alors que le maire de Levallois-Perret a été condamné en septembre en première instance à 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Une situation qui n'a plus rien d'une exception à en croire les avocats spécialisés qui constatent que les délinquants en col blanc n'échappent plus à la prison.

Justine Chevalier avec AFP