Procès du Carlton de Lille: DSK entre maîtrise de soi et révélations scabreuses

Dominique Strauss-Kahn, jeudi, avant d'entamer sa dernière audience au procès du Carlton de Lille. - Philippe Huguen - AFP
Il est reparti l'air détendu, accompagné de ses avocats. C'en est fini des auditions publiques de Dominique Strauss-Kahn, poursuivi pour proxénétisme aggravé dans l'affaire dite du Carlton de Lille. Durant trois jours, l'ancien patron du FMI a dû répondre aux questions du président du tribunal, Bernard Lemaire, qui l'a confronté aux anciennes prostituées qu'il avait rencontrées lors de soirées "libertines". La cour va désormais s'intéresser au volet financier du dossier, qui concerne les autres prévenus.
Un dossier qui s'effondre
DSK, qui risque jusqu'à dix ans de prison, sera-t-il condamné? La justice devra trancher à l'issue du procès, mais d'ores et déjà, sa défense se montre très confiante. Les magistrats instructeurs avaient notamment fondé leurs accusations sur l'existence d'une "garçonnière", avenue d'Iéna à Paris, qui était, selon eux, mise à disposition pour des "rencontres rémunérées". Une infraction qui, si elle est constituée, tombe sous le coup de la loi: l'article 225-10 du Code pénal punit quiconque vend ou prête des locaux à des fins de prostitution.
Cet appartement était au centre des débats jeudi matin. Pourtant, DSK semble avoir réussi à surmonter les questions. La cour a notamment cherché à savoir pourquoi Dominique Strauss-Kahn, qui en était le locataire, ne figurait pas sur le bail. "A l'époque, j'étais un homme politique marié, et j'avais besoin d'un lieu discret. J'ai demandé a un ami de mettre le contrat à son nom. C'est d'une simplicité biblique", a répondu DSK, assumant sans rougir ses frasques conjugales.
Il assume sa "sexualité rude"
Une attitude qu'il avait aussi affichée la veille à la barre, lorsqu'il a été invité à réagir au témoignage accablant de Jade. L'ancienne escort girl l'a accusé à demi-mot de viol, évoquant en larmes une relation anale non consentie et brutale dans une chambre d'hôtel. "Aucun client n'aurait jamais osé me faire ça", a asséné la femme, bouleversée. "Je dois avoir une sexualité plus rude que la moyenne des hommes, et je conçois que certaines femmes ne l'apprécient pas", lui a répondu Dominique Strauss-Kahn. "Mais je commence à en avoir un peu assez, je ne suis pas là pour être jugé sur des pratiques sexuelles dévoyées", s'est-il agacé.
Un point crucial qui fonde sa défense: DSK a une vie dissolue, certes, et ces trois jours d'auditions ont permis de dresser un portrait peu amène de l'homme, obsédé jusqu'à la lie. Mais il affirme n'avoir jamais su que les femmes qui étaient "invitées" par ses amis Fabrice Paszkowski et David Roquet lors de ces "parties fines" entre Lille, Paris et Washington, étaient rémunérées pour avoir des rapports sexuels avec lui. Dès lors, l'infraction de proxénétisme aggravé n'est plus constituée.
Sur le plan du droit, DSK semble avoir gagné la partie face aux magistrats qui ont instruit son dossier. Sur le plan de l'image, c'est une autre histoire. L'ancienne étoile montante du PS a dû révéler par la force la part obscure de sa personnalité complexe.