Procès de Joël Le Scouarnec: les grands-parents d'une victime dénoncent "une omerta"

Un procès hors normes. Joël Le Scouarnec, ex-chirurgien accusé de violences sexuelles sur près de 300 patients dans une douzaine d'hôpitaux, est jugé à partir de ce lundi 24 février par la cour criminelle du Morbihan, à Vannes.
La plupart des 299 victimes étaient mineures au moment des faits, 256 avaient moins de 15 ans, et elles étaient souvent endormies ou en phase de réveil lors des agressions.
"Il l'a détruit"
Parmi les victimes figure Mathis, 9 ans au moment des faits qui le concernent, en 2009, lorsqu'il est admis à l'hôpital de Quimperlé, dans le département du Finistère, pour des maux de ventre. Là, il est victime d'une agression sexuelle de la part de l'ex-professionnel de santé.
Ses grands-parents, Roland et Mauricette Vinet, vont assister au procès et demander justice alors que leur petit-fils meurt, 14 ans après les faits, victime d'une overdose. "Je veux voir comment il est et puis lui montrer ma colère, lui dire qu’il l'a tué. Il l'a détruit et ça a fini par le tuer", dit Mauricette à BFMTV.
Selon Roland, l'addiction de Mathis à la drogue est venue lorsque les enquêteurs qui investiguaient sur les agressions de Joël Le Scouarnec ont montré au jeune homme des carnets dans lesquels il consignait ses agressions sexuelles et viols.
C'est alors le début d'une longue descente aux enfers. "Il va crescendo, il se détruit, il a des flashs qui viennent. Il a un mal-être", dit Roland.
Le grand-père ne cache pas sa colère quant à l'inaction des milieux hospitaliers et des autorités alors que l'ex-chirurgien avait déjà été condamné en 2005 pour détention d'images pédopornographiques.
"Il y a eu une omerta aussi bien de sa famille que du milieu médical, que du milieu de justice, c’est flagrant, il a traîné combien d'années?", ajoute-t-il.
Déjà condamné en 2020
Joël Le Scouarnec, aujourd'hui âgé de 74 ans, a "reconnu son implication" dans la majorité des faits de viols aggravés et agressions sexuelles aggravées pour lesquels il sera jugé pendant près de quatre mois, a souligné à la clôture de l'instruction le procureur de Lorient, Stéphane Kellenberger, qui mènera l'accusation à Vannes.
Déjà condamné en 2020 à Saintes, en Charente-Maritime, à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants, dont deux nièces, l'ancien médecin est désormais jugé pour des actes perpétrés entre 1989 et 2014 dans des hôpitaux de l'ouest de la France.
Les enquêteurs ont retrouvé la trace de ses victimes - des patients âgés en moyenne de 11 ans au moment des faits - en décortiquant ses journaux intimes, découverts lors d'une perquisition à son domicile en 2017, après que sa voisine de 6 ans l'a dénoncé auprès de ses parents pour viol.
Ses écrits, très détaillés, indiquaient le nom, l'âge et l'adresse de ses victimes ainsi que les violences infligées, souvent sous couvert de geste médical. Nombre de victimes ont été confrontées à une amnésie traumatique, effaçant partiellement ou entièrement le souvenir du médecin.