Affaire Le Scouarnec: l'ex-femme du chirugien accusé de viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes se livre

À quelques jours de l’ouverture de l'ouverture du procès de Joël Le Scouarnec, l'ex-femme de l'ancien chirurgien digestif s'est confiée à nos confrères de Ouest-France, réaffirmant n'avait jamais rien su.

À quelques jours de l’ouverture du procès de Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan, son ex-épouse se confie à nos confrères de Ouest-France. Une interview dans laquelle elle réaffirme n'avoir jamais rien su des déviances de son ancien époux.

"Je n’étais pas au courant de ses penchants, de ses poupées. Je n’ai eu connaissance de ses cahiers qu’après son interpellation", affirme l’ex-femme de l’ancien chirurgien jugé à partir du 24 février, et durant quatre mois, pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes, souvent mineures, dans les différents hôpitaux où il a exercé, entre 1989 et 2014.

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Ces "cahiers" dont parle l’ex-femme de Joël Le Scouarnec avaient été découverts en 2017 au cours d’une perquisition. L’ancien chirurgien y avait consigné pendant près de 30 ans des noms, des prénoms, des photos et des descriptions de sévices sexuels.

"Je n'ai rien vu"

Dans ces carnets, l'ancien chirurgien mentionnait également à plusieurs reprises une femme sous le pronom personnel "Elle". "Elle, ce n’est pas à moi", affirme auprès de Ouest-France l’ex-épouse, expliquant cependant avoir trouvé une "liste de titres de films porno, dans la poubelle".

"Quand je lui en ai parlé, il m'a dit: la quarantaine, c'est difficile. C'est moi qui faisais le ménage et je n'ai rien vu à part cette liste", martèle l'ex-femme.

Elle affirme avoir découvert les agissements de son ancien mari en 2017, année à laquelle l'affaire Le Scouarnec éclate après qu'une fillette des voisins du chirurgien l'accuse de l'avoir violée après s'être exhibé nu devant elle. En garde à vue, l'homme avait reconnu des attouchements sexuels sur cette petite fille et avait évoqué cinq autres victimes, dont deux de ses nièces. En 2020, il est condamné à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, premier volet de cette affaire de pédocriminalité hors norme. Une condamnation dont il a fait appel.

"Je ne savais pas qu'il avait cette déviance"

"Je me suis demandée comment j'avais pu ne pas m'apercevoir de quoi que ce soit", confie l'ex-épouse à Ouest-France. "Personne ne l'a ressenti. C'était un homme charmant", ajoute-t-elle, réaffirmant n'avoir jamais rien su.

"Je l'adulais et puis, petit à petit, il s'est éloigné de moi, mais je ne savais pas qu'il avait cette déviance. J'étais une femme amoureuse, mais vraiment amoureuse de mon mari."

Un discours qu'elle tient depuis le début de l'affaire, et qui a ulcéré les deux nièces de l'ancien chirurgien digestif. Dans une interview donnée en 2019 au quotidien Le Télégramme, elle avait assuré n'avoir rien découvert pendant toutes leurs années de mariage.

Les deux nièces de l'ancien chirurgien "ont été choquées de voir que la femme de Joël Le Scouarnec s'est permise d'intervenir dans la pression en disant 'je tombe des nues' alors que ce sont des discussions qui ont lieu depuis 1999 chez elle (...) La femme de Joël Le Scouarnec était parfaitement au courant, elle savait", avait déclaré Me Delphine Driguez, l'avocate des deux nièces, auprès de BFMTV.

"Mes enfants sont harcelés, je suis harcelée"

Aujourd’hui, l'ex-femme de Joël Le Scouarnec se dit "fatiguée". "Mes enfants sont harcelés, je suis harcelée, je ne comprends pas pourquoi", ajoute celle qui dit être "séparée depuis 2002-2003" de l’ancien chirurgien avec lequel elle a divorcé vingt ans plus tard.

"Les victimes étaient des malades, si j’ai bien compris. Mes enfants vont être obligés de venir au procès. Qu’est-ce qu’ils ont à voir là-dedans", s’interroge l’ex-femme, affirmant qu’elle ne savait rien.

Les trois fils du couple n'ont plus aucun contact avec leur père, rapporte Ouest-France. Son ex-femme, elle, apporte des livres en prison à son ancien époux.

"Parce qu'il est à l'isolement, il ne peut pas aller à la bibliothèque. Je veux qu'il soit droit dans ses bottes pour répondre aux victimes, pour qu'il puisse s'occuper", explique-t-elle à Ouest-France.

"Je n'ai pas envie qu'il se suicide." Joël Le Scouarnec serait, selon elle, "complètement prêt à s'expliquer (...) il ne va pas chercher à mentir ou à atténuer sa responsabilité." Aujourd'hui, elle confie n'avoir qu'une hâte: que le procès "soit terminé".

Charlotte Lesage