Affaire Le Scouarnec: le procureur annonce que l'âge moyen des 299 victimes est de 11 ans

745 pages qui détaillent les 300 agressions sexuelles et viols pour lesquels Joël Le Scouarnec est renvoyé devant la cour criminelle du Morbihan. Un juge d'instruction a rendu son ordonnance de mise en accusation le 27 septembre dernier demandant un procès pour l'ex-chirurgien digestif accusé d'avoir fait 299 victimes pendant 35 ans d'exercice professionnel, entre janvier 1989 et janvier 2014.
Le renvoi de Joël Le Scouarnec n'est toutefois pas définitif. Au vu du nombre de victimes, toutes n'ont pas encore reçu la notification de l'ordonnance de mise en accusation.
Ces parties, tout comme la défense de Joël Le Scouarnec, ont la possibilité de faire appel de cette décision. S'il ne devait pas y avoir d'appel, le procès pourrait se tenir au premier semestre 2025.
Des victimes de moins de 20 ans
Sans vouloir faire de ce dossier hors norme un recueil de "statistiques froides" ou de simples "numéros", le procureur de la République de Lorient a livré des données illustrant l'ampleur de cette affaire. L'âge moyen des 299 victimes, au moment des faits, est de 11 ans. Plus globalement, 285 victimes sur 299 étaient âgées de moins de 20 ans, 256 de moins de 15 ans.
Ces victimes, 158 hommes et 141 femmes, ont été pour la plupart identifiées après la découverte de carnets et de fichiers de traitement de texte dans l'ordinateur de Joël Le Scouarnec dans lesquels le chirurgien détaillait des actes d'agression sexuelle et de viol commis sur des patients, très souvent endormis.
Les faits leur ont, pour certains, été révélés lors de leur convocation au commissariat ou à la gendarmerie à la suite de la découverte des carnets du chirurgien dans le cadre de l'enquête sur le viol d'une nièce, d'une petite voisine et d'attouchements sur une autre nièce et sur une patiente.
Joël Le Scouarnec a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour ces faits. Un verdict contre lequel il a fait appel.
"Tout a été mené" pour l'identification des victimes
Au cours de l'enquête préliminaire puis de l'instruction judiciaire, Joël Le Scouarnec, 73 ans, a reconnu "dans sa globalité" les faits reprochés, explicitant son "mode opératoire", ses "motivations pour ses passages à l’acte" et ses modes de fonctionnement pour ne pas être découvert.
Le procureur de Lorient évoquant les "stratégies de dissimulation" de Joël Le Scouarnec qui préférait "reporter certains passages à l'acte voir renoncer plutôt qu’être confondu".
Le juge d'instruction a renvoyé Joël Le Scouarnec pour 111 faits de viol aggravé et 289 agressions sexuelles aggravées. Au long temps de l’enquête préliminaire puis pendant l'information judiciaire, tout a été mené" pour identifier la totalité des victimes, insiste le procureur Stéphane Kellenberger. Le magistrat précise d'ailleurs que "des investigations ont permis d’apaiser certaines victimes qui n’étaient pas liés à cette procédure".