Pourquoi le nombre de braquages a chuté de 60% depuis 2009

Les bijouteries sont de moins en moins victimes de braquages. - BFMTV
En matière d'affaire criminelle, Paris a récemment été marqué par le braquage spectaculaire de neuf millions d'euros de bijoux à l'hôtel particulier de la star américaine Kim Kardashian, puis, ce 10 janvier, par celui de la bijouterie de l'hôtel Ritz, estimé à 4,5 millions d'euros.
Pourtant, ce fait divers rocambolesque, ces événements ne traduisent pas une tendance de fond. Depuis plusieurs années, les autorités constatent une baisse significative des vols à main armée aussi bien auprès des particuliers que des commerçants.
Le chiffre est parlant. Depuis 2009, le nombre de braquage a diminué de 60%. Quasiment de moitié entre 2013 et 2016 et ce sur l'ensemble du territoire, à l'exception des DOM-TOM. "C’est rare que pour un phénomène criminel et pour une infraction qu’on ait des baisses aussi importantes", note sur BFMTV Christophe Soullez, le directeur de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). La tendance est particulièrement marquée dans les commerces et les banques.
Mesures de protection
Braquage d'une bijouterie Chopard place Vendôme à Paris, braquage d'un horloger, rue de la Paix, d'une autre dans une galerie marchande à Nice... Les braquages de bijouteries sont souvent spectaculaires et pourtant elles sont de moins en moins visées. En 2011, on en recensait 359 contre 45 en 2016, soit huit fois moins.

Plus des statistiques sur Statista.
Une évolution qui s'explique par les moyens déployés par les bijoutiers pour leur sécurité. "Ca s’est calmé parce qu’on a fait des efforts mais il faut les maintenir voir les développer avec un matériel qui se modernise et qui devient plus abordable", estime Jacques Bianchi, président du syndicat des artisans bijoutiers de PACA.
"Il faut tout le temps être vigilant", reconnait pour sa part Michel Naïm, bijoutier à Nice, citant par exemple, l'attention portée aux voitures stationnées à proximité de sa boutique ou aux clients qui pourraient venir réaliser des repérages.
Côté bars tabac et PMU, le chiffre a diminué de 62% et de 57% dans les stations-service. Les banques ont elles été six fois moins victime de braquage entre 2011 et 2016, le chiffre passant de 300 vols à main armée à 52. La baisse est moins marquée pour les particuliers, avec une diminution de 31% depuis 2009. "Les banques se sont beaucoup protégées ces dernières années et nous recueillons le fruit du travail de prévention réalisé avec les commerçants", fait valoir Pascal Lalle, directeur central de la sécurité publique (DCSP). "Il y a aussi l'action des patrouilles en sécurité publique, avec par exemple le plan anti hold-up", activé pendant la période des fêtes.
Commerce en ligne
"C’est un ensemble de faits qui peuvent expliquer cette baisse avec aussi peut-être un transfert de délinquance vers d’autres activités criminelles", analyse le directeur de l'ONDRP. Depuis quelques années, les transactions en liquide entre commerçants et particuliers sont à la baisse avec la dématérialisation des moyens de paiement. A l'inverse, le commerce ou les transactions bancaires en ligne se sont largement développés.
"Ce phénomène augmente dans la cybercriminalité", confirme Christophe Soullez, citant notamment le développement des fraudes sur internet. Selon lui, le "trafic de stupéfiant est aussi un marché criminel dérivatif."