"On n'a déjà pas grand-chose": des habitants et élus de banlieue dénoncent les violences urbaines

Des habitants en colère. Alors que l'Hexagone a connu dans la nuit de samedi à dimanche une cinquième nuit d'émeutes d'affilée en lien avec la mort de Nahel, 17 ans, tué d'un tir de policier mardi à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, une partie de la population est fatiguée par ces épisodes de violence. En banlieue parisienne, particulièrement frappée par les émeutes ces derniers jours, les habitants se disent à la fois inquiets et agacés.
"J'ai peur la nuit"
En Seine-Saint-Denis, mortiers et feux d'artifice se font entendre tous les soirs depuis mardi, rendant les nuits difficiles. Une mère de famille dit sa peur d'un possible incident.
"Avec les enfants, ce n'est pas évident, vraiment, j'ai peur la nuit", confie une habitante anonyme de Bondy, en Seine-Saint-Denis, au micro de BFMTV.
Au moins 719 interpellations ont eu lieu en France dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé le ministère de l'Intérieur. 577 véhicules et 74 bâtiments ont été incendiés.
"Ils ont tout détruit"
À leur réveil le matin, les habitants ne peuvent que constater, impuissants, les destructions de la nuit passée.
"J'habite un quartier où on n'a pas grand-chose déjà et le peu qu'on a, ils ont tout détruit", dénonce une jeune femme auprès de BFMTV.
"Il y a un magasin d'optique juste en bas de chez moi, ils ont tout cassé, alors que j'ai déposé une ordonnance pour refaire mes lunettes, donc ça veut dire que je n'aurai même pas mes lunettes", s'inquiète-t-elle.
Des quartiers déjà frappés par un manque de moyens
Certains habitants, excédés, n'hésitent pas à s'emparer de leurs réseaux sociaux pour dénoncer les dégradations dans leur quartier, déjà frappé par un manque de moyens.
"Pourquoi est-ce que vous brûlez toujours les endroits où sont les pauvres?", lance un habitant.
"Il y a des mamans qui ne peuvent plus faire les courses, parce que bien évidemment les transports en commun ne sont plus actifs à cause des manifestations. Il y a des papas qui n'ont plus de voiture, ils ne peuvent plus aller au travail, balader leur enfant. Vous détruisez, vous volez des épiceries, des commerces de gens qui n'ont rien demandé", dénonce un autre.
Des élus inquiets pour l'image de leur commune
Un discours qui n'est visiblement pas audible pour les auteurs de ces violences urbaines qui se sentent oubliés par les responsables politiques, selon un médiateur dans les quartiers nord à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône.
"Le contact avec les jeunes est difficile. Quand on parle avec eux, ils nous disent: 'ils ne nous écoutent pas, ils ne nous considèrent pas, il y a que quand on fait de la violence qu'on nous écoute'", confie à BFMTV Mohamed Benmeddour.
Les élus de communes de banlieue déplorent également l'image donnée de leur ville en raison de ces événements. "Nous autres élus locaux, nous avons travaillé sur le fait que ces quartiers étaient les territoires gagnants de la République et jamais les territoires perdus de la République", explique à BFMTV Driss Ettazaoui, vice-président de l'association Ville et Banlieue, adjoint au maire d'Évreux, dans l'Eure.
"Malheureusement, ces images (de violences) vont être gravées dans le marbre. Et comme (lors des émeutes de) 2005, elles vont nous poursuivre", déplore l'élu.
Depuis plusieurs jours, différentes personnalités, dont le footballeur du Paris-Saint-Germain et capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé, ont appelé au calme.