Nordahl Lelandais: d'autres affaires non-élucidées passées au crible

Deux aveux, et des questions. Jeudi, alors qu'il était entendu par le juge dans le cadre de l'affaire Arthur Noyer, ce caporal disparu en avril 2017 et dont les restes du crâne avaient été retrouvés en septembre près de Chambéry, Nordahl Lelandais a avoué l'avoir tué.
Le 5 février, Nordahl Lelandais avait déjà été longuement entendu dans ce dossier, dans lequel il avait été mis en examen en décembre, alors que son téléphone avait borné aux mêmes endroits et aux mêmes moments que celui de la victime. Ce jour-là, l'ancien maître-chien dans l'armée avait alors reconnu avoir pris en stop le jeune militaire de 23 ans le soir des faits.
Cette nouvelle confession de Nordahl Lelandais intervient moins de deux mois après ses aveux dans le cadre de l'affaire Maëlys, qu'il avait reconnu avoir tué le 14 février. Des aveux très rapprochés, qui entraînent une question: le mis en examen est-il impliqué dans d'autres affaires semblables?
Une cellule de coordination spéciale
"Il y a au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale une cellule de coordination qui a été crée, qui s'appelle 'Ariane'", rappelle ainsi Dominique Rizet, du service police-justice de BFMTV. Cette cellule, mise en place au début de l'année 2018, est chargée de détecter d'éventuels recoupements entre le parcours de vie de Nordahl Lelandais durant ces quinze dernières années, et plusieurs disparitions ou crimes non élucidés dans la région de l'Isère et de la Savoie. Pour ce faire, les enquêteurs décortiquent en détail tout le passé du suspect.
Comme l'expliquait RTL en février dernier, les données récoltées par les enquêteurs sont notamment intégrées dans le logiciel spécial AnaCrim, qui se charge ensuite de les croiser, pour voir si elles coïncident.
Jean-Christophe Morin, disparu depuis 2011
Dans le cas précis de Nordahl Lelandais, plusieurs cas précis intéressent les enquêteurs. A commencer par l'affaire Jean-Christophe Morin, ce jeune homme de 23 ans qui avait disparu à Tamié, en Savoie, dans la nuit du 9 au 10 septembre 2011, lorsqu'il s'était rendu en auto-stop à un festival électro. Il n'avait plus donné signe de vie après 3 heures du matin, heure à laquelle un dernier témoin l'avait aperçu, alors qu'il quittait les lieux du festival, au Fort de Tamié.
"Lelandais c'est un nom qui m'évoquait quelque chose. Et j'ai vu qu'en fait je connaissais son frère parce que je l'avais aidé à trouver du travail", explique Adeline Morin, la soeur de Jean-Christophe Morin. "Sur le moment, je me suis dit que la coïncidence était trop grosse".
Ahmed Hamadou, disparu depuis 2012
Une autre disparition s'est produite exactement dans le même secteur, cette fois-ci en 2012. Ahmed Hamadou, un habitant de Chambéry âgé de 45 ans, avait disparu lors du même festival électro, à Tamié.
"Mon frère aurait pu côtoyer Nordhal Lelandais, ou en auto-stop, parce que mon frère faisait régulièrement du stop pour aller à Pont-de-Beauvoisin", estime Farida Hamadou, la soeur d'Ahmed Hamadou.
C'est à Pont-de-Beauvoisin, dans l'Isère, que la petite Maëlys avait disparu fin août dernier, en marge d'un mariage.
Adrien Fiorello, disparu depuis 2010
La mère d’Adrien Fiorello se pose elle aussi des questions. Le portable de son fils a borné pour la dernière fois il y a sept ans, à Chambéry. Ce 6 octobre 2010, le jeune homme de 22 ans, étudiant en cinquième année de droit, avait quitté le domicile familial de Firminy, dans la Loire, vers 9h30 du matin, pour aller prendre un bus pour Saint-Etienne, où il allait à l'université. Il n'était pas rentré le soir.
Entre temps, son téléphone avait été détecté à 10 heures du matin à Saint-Etienne, puis une dernière fois vers 17h30, cette fois-ci à Chambéry, soit 149 kilomètres plus loin.
"Adrien n'avait absolument rien à faire à Chambéry, mais puisque le téléphone a été localisé là-bas, il s'est certainement passé quelque chose", fait valoir Marie-France Fiorello, la mère d'Adrien.
Au total, une vingtaine de familles se sont manifestées pour tenter d’établir un lien entre la disparition de leurs proches et Nordahl Lelandais. Ce dernier a en revanche été définitivement écarté des cas des disparitions d'Estelle Mouzin et Lucas Tronche.