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Muséum d'Histoire naturelle, Limoges... Avant le vol au Louvre, une série de cambriolages dans les musées français

Des policiers examinent le monte-charge utilisé lors d'un cambriolage au musée du Louvre, le 19 octobre 2025 à Paris

Des policiers examinent le monte-charge utilisé lors d'un cambriolage au musée du Louvre, le 19 octobre 2025 à Paris - Dimitar DILKOFF © 2019 AFP

Avant le musée du Louvre ce dimanche 19 octobre, plusieurs musées ont connu pareil sort ces derniers mois. Des préjudices souvent estimés à des millions d'euros. Le crime organisé pourrait être à l'origine de ces cambriolages.

Depuis plusieurs mois, les musées français font face à une impressionnante série de cambriolages. Le Louvre, plus grand musée du monde avec près de 9 millions de visiteurs par an, n'a pas échappé aux malfaiteurs.

Ce dimanche 19 octobre, un quatuor de cambrioleurs est parvenu à accéder à la galerie d'Apollon grâce à un camion élévateur, avant de fracturer la vitre et de dérober neuf bijoux à la valeur inestimable. Par le passé, différents musées à travers toute la France ont connu ces mêmes mésaventures.

• De l'or dérobé au Muséum national d'Histoire naturelle en septembre dernier

Dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 septembre, cinq pépites d'or ont été dérobées au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. Entrés par une porte de secours qu'ils ont scié, les cambrioleurs ont avancé jusqu'à la galerie de minéralogie. Ils ont ensuite utilisé un chalumeau et une disqueuse pour découper la vitrine blindée.

Le musée, selon qui le système de sécurité était bien fonctionnel, a évalué la valeur du préjudice à près de 600.000 euros.

Au total, six kilos d'or ont disparu. "Cette perte est inestimable pour la recherche, le patrimoine et sa diffusion auprès du public", a regretté le Muséum national d'Histoire naturelle.

• Une perte à plusieurs millions d'euros au musée de Limoges

L'alarme s'est déclenchée aux alentours de 3h15 du matin dans la nuit du 3 au 4 septembre. Malgré la rapidité de l'alerte donnée par les gardiens, le musée national Adrien-Dubouché de Limoges a perdu un vase et deux plateaux chinois.

Ces trois objets, classés "Trésors nationaux", sont estimés à environ 6,5 millions d’euros. "Les porcelaines sont toujours recherchées et je pense qu'elles seront difficiles à retrouver", a réagi Émile Roger Lombertie, maire de Limoges, ce lundi 20 octobre sur BFMTV.

"Le cambriolage a été très rapide et efficace", a-t-il expliqué.

Et pour l'élu, ce casse n'est pas forcément dû à un manque de budget. "La fenêtre du musée (par laquelle les malfaiteurs sont entrés, NDLR) a été particulièrement facile à fracturer car l'architecte des Bâtiments de France a interdit d'installer une grille", déplore-t-il sur notre antenne.

• Une cloche du 18e siècle dérobée à Bouc-Bel-Air

Elle date de 1763. Cette cloche est un "véritable trésor de notre patrimoine communal", a écrit sur Facebook le maire de la commune de Bouc-Bel-Air, Mathieu Piétri. Invité sur BFMTV ce lundi matin, l'élu a expliqué que la cloche de 450 kilos, dérobée dans un local des services techniques de la ville à la fin du mois d'août, n'a toujours pas été retrouvée.

En plus des musées et de leurs collections historiques, le patrimoine religieux est aussi pris pour cible. "On peut mettre tous les budgets que l'on souhaite pour protéger notre patrimoine, il y aura toujours une faille parce que ce sont des bandes organisées", juge Mathieu Piétri au micro de BFMTV.

Que sait-on du cambriolage au musée du Louvre?
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• Un bracage et un cambriolage en deux jours au Musée Jacques-Chirac, en Corrèze

Le village de Sarran, en Corrèze, compte quelque 200 habitants. Mais deux événements successifs sont venus troubler le calme de la commune rurale en moins de 48 heures. Le dimanche 12 octobre dernier, quatre hommes cagoulés ont pénétré armés d'un fusil à pompe et d'armes blanches à l'intérieur du Musée Jacques-Chirac. Le fonds de caisse et une montre de collection exposée ont été emportés par les malfaiteurs, finalement interpellés.

Quelques heures plus tard, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 octobre, c'est un cambriolage qui a fait sonner l'alarme du musée. Les objets dérobés n'ont cette fois pas été communiqués, mais il s'agirait de montres ou de bijoux offerts au président Chirac au cours de ses deux mandats.

• À Mialet, Paray-le-Monial... Les objets historiques toujours pris pour cible

Dans le Gard, à Mialet, le musée du Désert a vu sa porte se faire fracturer dans la nuit du 6 au 7 octobre, aux alentours de 3h du matin. Environ 150 croix huguenotes en or, datant du 18e au 20e siècle et symboles du protestantisme français, ont été volées par le cambrioleur.

Enfin, en novembre 2024, le musée du Hiéron situé à Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire, a perdu sa plus précieuse pièce suite à un bracage particulièrement violent. Arrivés en moto et armés, les quatre malfaiteurs ont brisé les vitres protégeant l'oeuvre "Via Vitæ" avec l'aide d'une tronçonneuse. En trois minutes, ils s'emparent d'une partie de cette sculpture, estimée entre 4 et 7 millions d’euros et fortement endommagée par le vol.

Édition spéciale : Louvre cambriolé, le casse du siècle – 19/10
Édition spéciale : Louvre cambriolé, le casse du siècle – 19/10
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• L'ombre du crime organisé

Derrière tous ces braquages ou cambriolages, l'ombre du crime organisé plane. "Si les musées se font attaquer, c'est qu'il y a forcément une personne pour poser un prix", confie à BFMTV une source policière.

Et de préciser: "Les cambriolages dans les musées, ce sont bien souvent des commandes d'un receleur. Ce ne sont pas des personnes qui volent et qui après recherchent un acheteur".

"S'ils passent à l'action, c'est qu'ils ont déjà quelqu'un", conclut le même interlocuteur.

Généralement, ces braqueurs et cambrioleurs appartiennent à la criminalité organisée et sont très expérimentés. Désactivation de l'alarme, repérage préalable d'une pièce du musée... Tout est parfaitement structuré.

Au Louvre, ce dimanche, l'opération semblait millimétrée. Les quatre malfaiteurs étaient grimés en ouvriers et ont fait croire à une scène de travaux, sécurisant même le camion élévateur par des cônes de signalisation. Ils sont, pour l'heure, activement recherchés.

Véran Escoffier avec Sylvain Allemand