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Cambriolages de musées: l'ombre du crime organisé derrière ces braquages

Une fenêtre cassée (d) près de l'entrée du musée national de céramique Adrien-Dubouché cambriolé pendant la nuit, le 4 septembre 2025 à Limoges, en Haute-Vienne

Une fenêtre cassée (d) près de l'entrée du musée national de céramique Adrien-Dubouché cambriolé pendant la nuit, le 4 septembre 2025 à Limoges, en Haute-Vienne - Franck LAGIER © 2019 AFP

Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris a été la victime, ce mardi 16 septembre, d'un cambriolage d'un préjudice évalué à 600.000 euros. Plus tôt dans le mois, deux plateaux chinois d’une valeur de plus de 6 millions d’euros ont été dérobés au musée national Adrien-Dubouché de Limoges. Deux attaques à quelques jours d'intervalle illustrant une recrudescence des cambriolages dans ces lieux culturels. Des vols souvent perpétrés par des individus liés au crime organisé.

On les pensait réservés aux romans d’Arsène Lupin ou à des films à la Ocean’s Eleven. Pourtant, en ce mois de septembre 2025, les cambriolages de musées sont bel et bien une réalité. Le Muséum d’Histoire naturelle de Paris est le dernier en date à avoir été victime d’un "casse" dont le préjudice est estimé à 600.000 euros. De l’or de la galerie minéralogique a été dérobé, sans un bruit, au nez et à la barbe des veilleurs de nuit.

Quelques jours plus tôt, le musée national Adrien-Dubouché de Limoges s’était vu délesté par des cambrioleurs de deux plateaux chinois d’une valeur de plus de 6 millions d’euros, selon le parquet. Là encore, l’opération fut rapide et chirurgicale, malgré une alerte rapidement déclenchée.

"Ils sont directement allés dans les pièces où étaient les œuvres", relatait auprès de BFMTV, Hervé Lemoine, Président du mobilier national du musée Adrien-Dubouché.

"Des commandes d'un receleur"

Les musées attisent la convoitise des cambrioleurs avides de s'approprier les trésors qu'ils abritent. Œuvres d’art, objets anciens ou bijoux constituent des biens extrêmement précieux, dont la revente peut atteindre des sommes mirobolantes. "Si les musées se font attaquer, c'est qu'il y a forcément une personne pour poser un prix", souffle à BFMTV, une source policière.

"Les cambriolages dans les musées, ce sont bien souvent des commandes d'un receleur. Ce ne sont pas des personnes qui volent et qui après recherchent un acheteur. S'ils passent à l'action, c'est qu'ils ont déjà quelqu'un", ajoute-t-elle.

Une fois dérobés, ces biens peuvent atterrir entre les mains de collectionneurs clandestins ou alimentent directement le marché noir de l’art, évalué en 2019 à 64 milliards de dollars par l’Unesco.

"La valeur des œuvres d’art, les gains possibles à la revente et le quantum de peine en font une activité très lucrative pour la criminalité organisée et très attractive pour le blanchiment d’avoirs criminels", indique l'Office central de la lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).

Des individus minutieusement préparés

Dans ce type d’opérations, le profil qui domine est celui du voleur expérimenté, minutieusement préparé. Pénétrer dans un musée sans déclencher d’alarme, éviter les rondes des veilleurs et repartir avec des biens fragiles sans les abîmer suppose une expertise et un plan soigneusement élaboré.

Ces individus sont généralement liés à la criminalité organisée et sont qualifiés pour ce genre de méfaits. Ils sont, par exemple, capables de planifier des cambriolages complexes, incluant la désactivation d’alarme et de repérage préalable d'une pièce bien précise comme lors du cambriolage à Limoges.

"Cela a été très minutieusement préparé ce qui explique la rapidité de l'action des cambrioleurs", indiquait Hervé Lemoine sur notre antenne.

Bien souvent faits sans violence et de nuit, les cambriolages peuvent aussi ponctuellement avoir lieu de jour. Là, le casse est beaucoup moins subtil. En novembre 2024, le musée municipal Cognacq-Jay, situé dans le 3e arrondissement de Paris, a été la cible d'un braquage d'une grande violence mené en présence du public et des agents de surveillance. Les malfaiteurs étaient entrés gantés, cagoulés et casqués et avaient brisé à coup de hache et batte de baseball une vitrine, pour y dérober cinq boîtes et tabatières de collection.

En plus de cambrioleurs, les musées sont aussi ciblés par les cybercriminels. Les 3 et 4 août dernier, une quarantaine de musées ont été victimes de cyberattaques sous la forme d'un rançongiciel.

Une technique consistant à bloquer l'accès à un appareil ou des fichiers tant que la victime n'a pas payé une rançon. Certains des établissements touchés avaient été contraints d'annuler des expositions.

Sylvain Allemand