Larmes, "pardon" et traumatisme: le témoignage de Kim Kardashian au procès du braquage qui a "changé sa vie"

C'était le moment le plus attendu depuis l'ouverture du procès. Ce mardi 13 mai, la milliardaire américaine Kim Kardashian est venue témoigner au Palais de justice de Paris, revenant sur la nuit du 2 au 3 octobre 2016, lors de laquelle elle a été braquée et ligotée par deux malfaiteurs dans sa chambre d'hôtel en pleine Fashion Week. Dix personnes, neuf hommes et une femme, sont jugées depuis le 28 avril dernier.
C'est devant une salle comble de journalistes de diverses nationalités, mais aussi de curieux, que la milliardaire s'avance à la barre, ce mardi après-midi, cheveux ramenés en un chignon, vêtue de noir et portant des bijoux en diamants.
Après avoir décliné son identité, comme le veut l'usage, Kim Kardashian a déclaré vouloir dire "la vérité selon elle" et s'est lancée dans le récit de sa nuit du 2 au 3 octobre 2016.
"J'étais certaine que j'allais mourir"
L'influenceuse rappelle qu'elle était présente à Paris pour assister à des défilés dans le cadre de la Fashion Week. C'est aux alentours de trois heures, alors qu'elle s'apprêtait à aller se coucher, qu'elle entend des bruits dans le couloir.
"Soudain, plusieurs hommes en uniformes de police ont fait irruption dans ma chambre. (...) J'étais en chemise de nuit, c'était glaçant", raconte-t-elle, assistée de deux interprètes qui se relaient pour traduire les échanges.
Constatant la présence du veilleur de nuit, menotté, avec les deux malfaiteurs, elle s'est d'abord interrogée sur son rôle dans le braquage. "Il était calme, il n'y avait aucune expression sur son visage, alors que moi j'étais dans tous mes états. En regardant en arrière, je comprends pourquoi", détaille-t-elle ce mardi.
Contenant des larmes à certains moments, Kim Kardashian poursuit son récit. Méthodiquement, les braqueurs s'emparent de ses bijoux et la ligotent, braquant une arme sur elle. Bâillonnée par les braqueurs, elle s'est retrouvée presque nue sur son lit, le peignoir défait. "À ce moment-là, je me suis dit que j'allais me faire violer", lance la milliardaire.
"Je savais que Kourtney (sa sœur, NDLR) était sur le point de rentrer et qu'elle allait découvrir la scène. Je me suis dit qu'elle allait me voir morte, mon corps sur le lit, potentiellement après avoir été violée, et qu'elle aurait gardé cette image dans sa mémoire", ajoute-t-elle.
Silence dans la salle d'audience. Alors que le président insiste en lui demandant si elle a pensé qu'elle allait mourir, elle répond: "Effectivement, j'étais certaine que j'allais mourir."
"Je vous pardonne"
Si elle dit avoir depuis dû renforcer les mesures de sécurité autour d'elle et de sa famille, l'influenceuse s'étend finalement assez peu sur les conséquences psychologiques de cet épisode. Mais certaines de ses réactions ce mardi après-midi ne trompent pas.
En particulier lorsque le président décide de lire à la cour une lettre qu'Aomar Aït Khedache, le "cerveau" présumé du braquage, avait écrit à l'adresse de Kim Kardashian depuis sa prison de Fresnes, en août 2017, neuf mois après les faits.
"Madame, c'est après vous avoir vue dans une émission à la télévision française, (...) après avoir réalisé les dégâts psychologiques que je vous ai infligés que j'ai décidé de vous écrire", commence à lire le président. "Je souhaite venir vers vous en être humain pour vous dire combien je regrette mon geste, combien j'ai été ému et touché de vous voir en larmes."
Le président s'interrompt pendant de longues secondes face à la réaction de Kim Kardashian. Extrêmement émue à ces mots, se tenant toujours, digne, à la barre, cette dernière pleure, un mouchoir à la main.
"Depuis que j'ai pris connaissance de votre situation, ma conscience m'a dicté de prendre contact avec vous de la plus douce et, j'espère, de la plus réconfortante des manières. Bien sûr, le passé ne se refait pas, mais j'espère que cette lettre vous fera oublier peu à peu le traumatisme que vous avez subi par ma faute", a encore écrit Aomar Aït Khedache dans cette lettre de 2017.
Face à un public rendu silencieux par cette scène très émouvante, Kim Kardashian parvient à articuler: "J'apprécie la lettre, je vous pardonne pour ce qu'il s'est passé. Ceci étant dit, ça ne modifie pas le traumatisme qui est le mien et le fait que ma vie a été changée pour toujours." Sur le banc des accusés, l'auteur de la lettre, aujourd'hui sourd et muet, s'empare d'un bloc-notes.
"Ce pardon est un soleil qui vient m'illuminer, je vous en remercie. (...) Je vous serais reconnaissant à jamais", écrit-il ce mardi.
Tourner la page
Relatant avoir depuis terminé des études pour devenir avocate et avoir fréquenté de nombreux détenus en prison depuis le braquage, Kim Kardashian a plusieurs fois insisté sur le droit à la réhabilitation pour les accusés.
"J'accepte toutes les excuses, ça me permet d'apporter un peu de paix dans ce processus", indique-t-elle en fin d'audience. Mais elle précise aussi que sa présence avait évidemment pour but de pouvoir "tourner la page".
"Mon rôle, c'est de dire ma vérité. C'était terrifiant. C'est quelque chose qui change une vie. Je souhaite que ça n'arrive à personne, pas même à mon pire ennemi", détaille-t-elle.
L'audience doit se poursuivre jusqu'au 23 mai, notamment avec de nouveaux interrogatoires d'accusés, les plaidoiries et les réquisitions.