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Police-Justice

De Bygmalion aux comptes de campagne de Sarkozy: chronologie d'une affaire politico-judiciaire

Nicolas Sarkozy, le 14 octobre 2016

Nicolas Sarkozy, le 14 octobre 2016 - François Nascimbeni - AFP

Nicolas Sarkozy et 13 autres personnes sont renvoyés pour divers chefs, parmi lesquels faux, usage de faux, abus de confiance, escroquerie, complicité de ces délits, ou encore complicité de financement illégal de campagne
électorale.

Nicolas Sarkozy a été renvoyé vendredi en procès pour financement illégal de campagne électorale lors de la présidentielle de 2012, apprend-on ce mardi. Treize autres personnes, en plus de l'ancien chef de l'État, auront également rendez-vous avec la justice. À l'origine centrée sur Jean-François Copé, l'enquête a connu de nombreux rebondissements avant de s'intéresser directement à l'ex-président de la République. Retour sur une affaire qui secoue la classe politique depuis 2014.

Février 2014, l'affaire Copé

Dans une enquête, Le Point accuse le président de l'ex-UMP Jean-François Copé d'avoir favorisé la société Bygmalion, fondée par ses proches Guy Alvès et Bastien Millot. L'agence de communication aurait empoché au moins 8 millions d'euros durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, via sa filiale événementielle Event and Cie.

Mars 2014, ouverture d'une enquête préliminaire

Le parquet de Paris ouvre le 5 mars une enquête préliminaire pour faux, abus de confiance et abus de biens sociaux.

  • Mai 2014, la campagne de Sarkozy mise en cause

L'avocat de Bygmalion affirme que l'UMP a réglé des millions d'euros de fausses factures à Event and Cie pour cacher des dépenses de meetings qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne et auraient fait exploser le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros. Les dirigeants de Bygmalion remettent une clé USB aux enquêteurs, révélant une double comptabilité. Au total, l'UMP a réglé 18,5 millions d'euros de fausses factures pour des événements fantômes, selon les calculs de la police. Sur BFMTV, Jérôme Lavrilleux, ex-directeur-adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, reconnaît, en larmes, "un dérapage" mais conteste toute volonté de détournement.

Juin 2014, ouverture d'une information judiciaire 

Le 27 juin, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X pour faux et usage de faux, abus de confiance, tentative d'escroquerie et complicité et recel de ces délits. Jean-François Copé est contraint de démissionner de la présidence du parti.

Octobre 2014, trois ex-cadres de Bygmalion en examen

Trois ex-cadres de Bygmalion, Guy Alvès, Bastien Millot et Franck Attal, sont mis en examen après deux jours de garde à vue. D'autres mises en examen suivront, dont l'ancien directeur général de l'UMP et son ex-directrice financière.

Avril 2015, Nicolas Sarkozy impliqué

L'ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert - mis en examen - lui prête un rôle de décideur pour ses meetings. Il assure que l'ex-candidat lui avait demandé "d'ajouter (...) de petites réunions publiques (...) à coûts bas et maîtrisés", réfutant toute fraude. De 15 à 20 meetings, la campagne est passée à 44. Des documents révèlent que le meeting de Marseille du 19 février 2012 a coûté plus de 800.000 euros, quand il revient à 300.000 euros dans le compte de campagne. 

Septembre 2015, Copé accusé

  • Devant les policiers, Nicolas Sarkozy se défend et charge Jean-François Copé. "Je n'ai ordonné aucune dépense de ma campagne. Je n'ai vu aucun devis" et "n'ai choisi aucun prestataire". Il charge Jean-François Copé: "partout où (il) est passé, il a pris Bygmalion". Et si un système de fausses factures a existé, "je comprends qu'il a existé entre les sociétés Bygmalion et l'UMP".

Février 2016, Copé blanchi, Sarkozy mis en examen

À l'issue de son audition par les juges, le maire LR de Meaux n'est pas mis en examen. Le 16 février, Nicolas Sarkozy l'est quant à lui pour financement illégal de campagne électorale. Il est également placé sous le statut de témoin assisté pour usage de faux, escroquerie et abus de confiance.

Septembre 2016, Copé règle ses comptes

Dans une interview au Monde, Jean-François Copé dénonce un complot politico-judiciaire, orchestré par Nicolas Sarkozy et François Fillon, dont il estime être la victime. Il accuse l'ancien président d'avoir toujours eu connaissance du système de double facturation de sa campagne de 2012.

Février 2017, un procès pour Sarkozy

L'ancien chef de l'État est renvoyé en procès pour financement illégal de campagne électorale lors de la présidentielle de 2012. Mais seul un des deux juges chargés de l'enquête Bygmalion a signé l'ordonnance de renvoi en procès de Nicolas Sarkozy et de 13 autres personnes, ce qui ouvre la voie à un appel.

Céline Hussonnois-Alaya