"C'est une grande avancée": après la convocation de la grand-tante du petit Grégory, ses parents espèrent un procès

"Ils veulent savoir ce qui est arrivé à Grégory". Après la convocation de Jacqueline Jacob, la grand-tante de Grégory Villemin, retrouvé mort en 1984 dans les Vosges, les parents du petit garçon ont fait savoir auprès d'une de leurs avocats qu'ils attendaient toujours un procès pour "permettre la manifestation de la vérité".
"C'est une grande avancée. À écouter tout le monde depuis des années, c'était un peu 'Circulez, il n'y a rien à voir!' Et bien, non. La décision montre que les choses avancent toujours", a déclaré Marie-Christine Chatant-Morand, avocate de Christine et Jean-Marie Villemin.
"Christine et Jean-Marie Villemin attendent toujours la même chose depuis le départ: un procès qui va permettre la manifestation de la vérité. Ils ne veulent que ça. Ils veulent savoir ce qui est arrivé à Grégory, quels ont été les derniers moments de la vie de leur petit garçon", a-t-elle ajouté.
"Pas de conclusions hâtives"
Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, la justice a ordonné mercredi un nouvel interrogatoire, d'ici "quelques mois", de sa grand-tante, soupçonnée dans cette affaire emblématique d'avoir rédigé une lettre du corbeau, et envisage de la mettre en examen pour "association de malfaiteur criminelle".
"Sur la qualification d'association de malfaiteurs criminelle, c'est celle qui a été retenue. Il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives. Mais ça va permettre de voir les personnes s'expliquer là-dessus", a commenté l'avocate des parents.
Jacqueline Jacob, qu'une expertise en graphologie a désigné comme l'auteure d'une lettre anonyme menaçante adressée en 1983 aux parents du petit Grégory, avait déjà été interpellée en juin 2017, avec son époux Marcel.
Elle avait gardé le silence lors de son audition et avait été mise en examen avec son mari pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". Mais les poursuites visant le couple avaient ensuite été annulées pour vice de forme.
Depuis, de nouvelles expertises ont eu lieu et la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon, qui supervise le dossier depuis 2008, a listé en début d'année tous les "éléments qui concernent Jacqueline Jacob", rapporte le procureur général, sans donner de détails. Le parquet général a estimé que ces éléments "ne suffisaient pas" à la poursuivre pénalement, précise-t-il.
"Une très forte émotion"
Après une audience le 9 avril, la chambre de l'instruction a rendu mercredi un arrêt contraire demandant à son président de "procéder à l'interrogatoire" de Jacqueline jacob et "d'envisager sa mise en examen".
Cette décision a été reçue "avec une très forte émotion et une grande reconnaissance envers la justice" par les parents de Grégory, avait commenté un autre de leurs avocats, François Saint-Pierre, mercredi.
"Ils participeront bien sûr à toutes les audiences et l'éventuel procès en cours d'assises pour que toute la vérité soit dite sur l'assassinat de leur enfant il y a plus de 40 ans", a-t-il encore dit.
En revanche, l'avocat des époux Jacob a estimé qu'il s'agissait d'une "non information": le parquet général "dit qu'il n'y a pas de charge, que ça ne vaut rien, (...) qu'il n'y a rien de neuf", a souligné Me Stéphane Giuranna, se disant "serein" à ce stade.
Une lettre anonyme
Grégory Villemin, quatre ans, a été retrouvé ligoté le 16 octobre 1984 dans une rivière des Vosges. "Voilà ma vengeance - Pauvre con": le jour-même, une lettre anonyme est adressée au père par un "corbeau" qui harcèle depuis plusieurs années la famille.
Bernard Laroche, un cousin du père, a rapidement été mis en cause sur la base d'accusations de sa belle-soeur, une adolescente de 15 ans, qui est revenue ensuite sur ses propos. Inculpé d'assassinat et écroué, il est remis en liberté mais Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité, le tue en mars 1985.
La mère de Grégory, Christine Villemin, a à son tour été poursuivie, avant de bénéficier d'un non lieu. Le couple s'est ensuite battu pour obtenir une réouverture de ce dossier qui a passionné la France.