109 gardes à vue mais peu de suites judiciaires: la difficile identification des casseurs

L'identification des casseurs reste difficile. - Capture BFMTV
Mercredi matin, quelques heures après la fin des violences perpétrées dans le 12e arrondissement de Paris en marge de la manifestation syndicale du 1er-Mai, le ministre de l'Intérieur puis le préfet de police avaient annoncé le chiffre de 109 gardes à vue. Un nombre qui peut paraître conséquent, mais à rapporter aux 1200 black blocs présents mardi dans les rues de Paris, selon les estimation des autorités. De plus, dans la soirée de mercredi, 56 personnes ont été relâchées sans suite.
Ce jeudi, ils étaient six dans le box des prévenus à être jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris. Cinq hommes, âgés de 20 à 45 ans, et une femme de 26 ans qui ont comparu pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations", "participation à une manifestation en étant porteur d’une arme", "dégradations" et "violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique".
"Au mauvais endroit, au mauvais moment"
Les deux premiers à être jugés, âgés de 23 et 27 ans, ont réclamé un délai plus long afin de préparer leur défense. Le procès de ses deux jeunes, qui n'ont pas de casier judiciaire, a été renvoyé au 30 mai prochain. Etudiant en anthropologie à la fac du Mirail à Toulouse, le premier a participé au blocage de l'établissement dans le cadre de la contestation étudiante. Le second, sans emploi, bénéficiaire du RSA, est en attente d’une formation en menuiserie. Il est accusé d’avoir lancé une bouteille en verre sur deux policiers.
Ces audiences du jour succèdent à celles de la veille. Mercredi, deux personnes, sans lien avec les incidents, ont comparu devant ce même tribunal. L'un d'eux s'est fait interpeller, en amont des violences, dans le métro. Il ne portait pas de masque à gaz ni de lunettes, uniquement des couteaux. Après avoir expliqué à la cour qu'il venait de les acheter et rentrait chez lui, il a écopé de trois mois de prison avec sursis. "On a manifestement un mouvement de nasse qui s’est fait par les CRS sur une population complètement lambda", a estimé un avocat de l'un des gardés à vue.
Selon un autre avocat, qui a assisté un mineur de 15 ans qui va être déféré devant un juge pour un rappel à la loi, les policiers ont procédé à "une pêche industrielle" pour faire du chiffre. "Mon client était au mauvais endroit, au mauvais moment", assure-t-il.
Une enquête ouverte
Une femme a également été jugée parce qu'elle était en possession d'un fumigène avant la manifestation. Des profils qui n'ont finalement pas grand chose à voir avec l'idée que l'on se fait des casseurs ou des black blocs. Car tout le problème des interpellations en nombre - 283 dans le cas présent - réside dans le fait de trouver des preuves. "Ils ont pris mes vêtements, deux vestes et un K-Way, pour voir s’il y a des traces d’hydrocarbure", raconte à BFMTV un des gardés à vue libéré mercredi.
Afin d'identifier les instigateurs des violences commises le 1er mai, le parquet de Paris a ouvert une enquête du chef d'"association de malfaiteurs formée en vue de la préparation d'un ou plusieurs délits". Un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement. L'enquête a été confiée à la Direction régionale de la police judiciaire.