Procès Péchier: quand le dossier de l'anesthésiste de Besançon fait ressurgir une autre vieille affaire d'empoisonnement

L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier arrive au tribunal de Besançon le deuxième jour de son procès, le 9 septembre 2025. (Photo d'illustration) - SEBASTIEN BOZON / AFP
Un étrange hasard. Alors que se déroule, depuis le 8 septembre dernier, le procès de l'anesthésiste Frédéric Péchier devant la cour d'assises de Besançon (Doubs) pour empoisonnements mortels, une affaire vieille de 40 ans a subitement refait surface à plusieurs centaines de kilomètres de là, dans le département de la Vienne.
Comme le rapportent nos confrères de France 3 Bourgogne-Franche-Comté, les faits jugés en 2025 font singulièrement écho à la mort de Nicole Berneron, en 1984, au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers.
Au cours d'une banale opération des glandes salivaires, la jeune femme de 33 ans et maman de deux enfants, succombe à une inhalation massive de protoxyde d'azote. En cause: une inversion entre les tuyaux d'assistance respiratoire.
Autre fait troublant à cette époque: les parents de Frédéric Péchier, soignants eux-aussi, travaillent alors au CHU de Poitiers.
Un nom, deux affaires
Frédéric Péchier a 12 ans lorsque la mort de Nicole Berneron secoue Poitiers. Originaire de la région, il y effectuera même son internat de médecine. L'hôpital local aura donc vu se succéder presque tous les membres d'une seule et même famille, dans des services identiques.
En effet, détaillait Le Monde en 2019, si la mère de Frédéric Péchier était infirmière en oncologie, son père, lui, a effectué de nombreux remplacements en anesthésie-réanimation. La spécialité médicale que choisira, plus tard, Frédéric Péchier. Impossible alors pour Péchier fils de passer à côté du sujet.
Pour autant, aucun lien entre les deux affaires n'a, pour l'heure, été trouvé. Néanmoins, précisait l'Agence régionale de santé (ARS) dans les colonnes du Monde, le dossier Péchier est aujourd'hui le "seul cas similaire" en France à celui des "médecins de Poitiers" de 1984.
Une affaire dans laquelle les arguments de l'accusation se ressemblent en tout point: discorde entre les praticiens, mauvaise entente au sein du service, jalousie et convoitise, puis, enfin, organisation discutable. Là encore, pur hasard.
À l'issue du procès des "médecins de Poitiers", à la fin des années 1980, deux anesthésistes seront condamnés puis emprisonnés. Ceux-là, à l'époque désignés coupables par le chef de service Docteur Pierre Meriel, seront finalement acquittés. Le Dr Meriel sera quant à lui inculpé, plusieurs années après les faits, pour homicide involontaire en qualité de responsable d'équipe.