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Procès Péchier: l'ex-anesthésiste affirme que son patient était seul pendant son empoisonnement

L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier (g) et son avocat Randal Schwerdorffer au tribunal de Besançon, le 8 septembre 2025

L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier (g) et son avocat Randal Schwerdorffer au tribunal de Besançon, le 8 septembre 2025 - ROMEO BOETZLE

Frédéric Péchier, ex-anesthésiste, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements dont 12 mortels, s'est exprimé au sujet de la dernière victime qui lui est imputée, Jean-Claude Gandon. Il affirme que son patient était seul au moment de son empoisonnement.

Qu'est-il arrivé à Jean-Claude Gandon, patient de Frédéric Péchier, opéré le 20 janvier 2017? L'accusé, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements au bloc opératoire dont 12 mortels, continue d'être entendu ce mercredi 24 septembre.

Et à la surprise générale, il a affirmé à la cour, pour la première fois en huit ans d'enquête, que son patient était resté seul pendant vingt minutes ce matin-là.

La semaine dernière, les débats sur le cas de ce patient, Jean-Claude Gandon, alors âgé de 70 ans, avaient mis en évidence que "l'empoisonneur" avait sévi entre 8h15 et 9 heures. Et que les deux personnes les plus susceptibles de lui avoir injecté le poison, de la mépivacaïne (un anesthésique local), étaient le Frédéric Péchier et une élève infirmière anesthésiste avec laquelle il travaillait.

"8h40 à 09h00, le patient reste seul"

Or, l'accusé a demandé dans ce laps de temps à cette soignante de quitter la salle d'opération pour prendre une pause. Au même moment, a-t-il raconté mercredi, "le patient allant bien", il est lui-même "sorti" pour aller signaler que des poches de perfusion avaient été retrouvées percées dans son bloc.

De "8h40 à 09h00, le patient reste seul", a résumé l'accusé. "Vous n'en avez jamais parlé", s'étonne la présidente Delphine Thibierge, "alors qu'il y a une suspicion d'empoisonnement de votre patient pendant ce temps-là".

"On ne m'a jamais posé la question", répond l'accusé, imperturbable. "Au contraire", poursuit la présidente, "dans une écoute téléphonique vous avez dit: 'Il y en a toujours un qui est resté (avec le patient), personne n'a pu entrer mettre des trucs'".

Quand l'infirmière anesthésiste est revenue de sa pause, vers 9 heures, Jean-Claude Gandon présentait des signes de détresse cardiaque. Le septuagénaire, qui a survécu -il assiste à l'audience- est le seul, parmi les 30 victimes de ce dossier, dont l'anesthésie avait été prise en charge directement par Frédéric Péchier.

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Éloigner les doutes

Selon les enquêteurs, l'accusé s'en serait pris à lui pour se forger un "alibi" et ne pas être le seul anesthésiste de la clinique dont aucun patient n'avait été empoisonné, alors qu'une enquête venait d'être ouverte sur l'arrêt cardiaque d'une autre patiente, Sandra Simard, survenu quelques jours plus tôt.

L'accusé, lui, accuse un collègue anesthésiste, Sylvain Serri. Intervenu lors de l'arrêt cardiaque du patient, celui-ci a diagnostiqué une intoxication aux anesthésiques locaux et a conseillé de lui administrer des intralipides, qui sauveront le patient.

Frédéric Péchier, qui a toujours clamé son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

S.M avec AFP