"La rébellion à notre manière": réquisitionnés, des éboueurs de Paris font de la résistance

Dossier à la main, et accompagnée de policiers, la préfète de police Magali Charbonneau s'est présentée ce samedi dans un garage de camions-bennes parisien pour réquisitionner les potentiels éboueurs grévistes qui bloqueraient le départ de camions poubelles.
En effet, après le refus de la maire PS Anne Hidalgo, soutien du mouvement social des éboueurs contre la réforme des retraites, de demander la réquisition des agents au préfet de police, ce dernier l'a signé jeudi pour évacuer les 10.000 tonnes d'ordures amassées dans les rues.
"Au moment où j'ai fait le point avec le chef de garage en lui demandant s'il avait le personnel nécessaire pour assurer le service minimum et après avoir interrogé chacun de ses agents, aucun ne s'est déclaré gréviste donc il n'a pas été nécessaire de les réquisitionner" a finalement annoncé Magali Charbonneau au micro de BFMTV.
"On a un peu flippé"
Et pour cause, la visite de la préfète de police a surpris les employés. "On ne s'attendait pas à voir la police débarquer dans le garage, ce qui fait qu'on a un peu flippé", a expliqué Philippe, agent de la ville de Paris.
"Ça fait mal aux travailleurs d'être accompagnés par la police. Ils n'ont pas besoin de ça pour travailler. Et pour nous, la réquisition, c'est la remise en cause du droit de grève", a de son côté estimé Régis Vieceli, secrétaire général CGT déchets et assainissement.
"On fait notre résistance à notre manière"
Mais les agents ont accepté de travailler, car les récalcitrants encourent jusqu'à 10.000 euros d'amende et six mois de prison. Alors certains font de la rébellion, tout en travaillant, notamment en ralentissant leur départ en tournée.
"On fait notre résistance à notre manière, tout simplement", a commenté un éboueur.
Les éboueurs revendiquent la pénibilité de leur profession. "Je veux qu'il soit reconnu pénible. Je veux partir avant 60 ans car un éboueur ne vit pas jusqu'à 65 ans" a martelé Paul, éboueur depuis 18 ans, déplorant être "obligé d'aller travailler" à cause de la réquisition.
Cinq garages de camions-bennes ont repris une activité samedi, selon la préfecture et deux sociétés concessionnaires de traitement ainsi que plusieurs agents ont été réquisitionnés.