Grève des éboueurs à Paris: pourquoi les poubelles jonchent toujours les rues malgré les réquisitions
Des piétons obligés de continuer à contourner les trottoirs. Après plus de 13 jours de grève des éboueurs, la barre des 10.000 tonnes de déchets accumulés a été franchie et la question de leur ramassage est toujours confuse.
Après le refus mercredi de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui soutient le mouvement social, de demander la réquisition d'agents au préfet de police, ce dernier a "jeudi soir requis le service de la propreté de la ville" pour évacuer les ordures.
Cinq garages de camions-bennes en activité
Pourtant, dans les rues de certains arrondissements, les commerçants et les piétons constatent encore des dizaines de poubelles entassées. La capitale possède un système de collecte particulier: les agents de la mairie assurent la collecte des déchets dans la moitié des arrondissements tandis que l'autre moitié est desservie par des prestataires privés.
Tard dans la soirée vendredi, l'entreprise Derichebourg a bien annoncé dans un communiqué "avoir été réquisitionnée" par la préfecture de police "en vue de concourir à un service minimum de collecte des ordures".
La préfecture a confirmé cette information samedi matin, précisant que "cinq garages de camions-bennes avaient repris une activité" et que "deux sociétés concessionnaires de traitement ainsi que plusieurs agents (avaient) été requis depuis" vendredi.
"La réquisition est récente, donc il faut évidemment convoquer les agents et organiser les choses, ça prend du temps, (...) je pense qu'on va voir les effets de la réquisition en début de semaine" a estimé Geoffroy Boulard, maire LR du 17e arrondissement de Paris.
Les sites d'incinération bloqués
Dans le 15e arrondissement, le prestataire privé chargé du ramassage des déchets a vu son garage débloqué jeudi par les forces de l'ordre, mais pour le maire, le problème n'est plus de ramasser ces ordures, mais de les incinérer.
"Une fois qu'on a rempli les bennes, il faut évidemment les décharger et nos bennes sont obligées d'aller à Romainville (Seine-Saint-Denis) à 20 kilomètres de Paris alors que notre centre d'incinération habituellement est à Issy-les-Moulineaux, à quelques centaines de mètres du 15e" a déploré Philippe Goujon, maire du 15e arrondissement de Paris, demandant "d'envoyer la force publique pour dégager les centres d'incinération qui sont indispensables."
Des "barrages filtrants" pour les camions
Les grévistes des trois sites d'incinération de déchets produits par Paris ont justement mis en place ce samedi matin des "barrages filtrants" pour laisser passer des camions de collecte des ordures, a indiqué une déléguée syndicale à l'AFP, confirmant une information de Libération.
Un filtrage des camions aura lieu samedi et dimanche sur le site d'Issy-les-Moulineaux et lundi et mardi sur celui de de Saint-Ouen. Laisser passer des camions est une "décision de sécurité pour limiter les risques d'épidémie", a expliqué la déléguée syndicale. En milieu de matinée samedi, seuls trois camions étaient passés.
A Ivry-sur-Seine, le plus gros des trois sites d'incinération du Syctom, la police était venue vendredi déloger les grévistes sur un des deux garages attenants, avant de se retirer. L'accès à l'usine comme aux deux garages de camions-poubelles est donc toujours bloqué, a constaté l'AFP. Selon la CGT, 95% des salariés du site de traitement d'Ivry et tous les chauffeurs des deux garages sont en grève.
De leur coté, les éboueurs ont reconduit la grève jusqu'à lundi.