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Paris Île-de-France

"La mort ne peut être un soin", les évêques d’Île-de-France interpellent les parlementaires sur la loi sur la fin de vie

L'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, fait partie des signataires de cette lettre ouverte, envoyée le 26 mai 2025 (illustration).

L'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, fait partie des signataires de cette lettre ouverte, envoyée le 26 mai 2025 (illustration). - Bertrand GUAY © 2019 AFP

À la veille des votes solennels sur la création d'un droit à mourir, les évêques d'Île-de-France ont envoyé une lettre ouverte, ce lundi 26 mai, aux sénateurs et députés de la région pour faire part de leur opposition.

Alors que se tiendront deux votes solennels sur l'aide à mourir à l'Assemblée nationale mardi 27 mai, les évêques d'Île-de-France ont envoyé une lettre ouverte aux députés et sénateurs de la région pour dire "haut et fort" leur opposition "la plus vive et la plus fondamentale à l’euthanasie et au suicide assisté". "La mort donnée n’est pas, ne peut pas être un soin", indiquent-ils.

Les députés ont achevé ce samedi l'examen de deux propositions de loi, l'une sur les soins palliatifs et l'autre relative au "droit à l'aide à mourir". Ils ont notamment approuvé la création d'un "droit à l'aide à mourir", qui sera ouvert aux personnes atteintes "d'une affection grave et incurable" qui "engage le pronostic vital, en phase avancée" ou "terminale", et présentant "une souffrance physique ou psychologique constante".

"L'espérance n'est pas morte"

Pour les évêques d'Île-de-France, c'est inconcevable et selon eux, il s'agit seulement d'une première étape. "Commencer par dire que cette possibilité de demander la mort ne s’appliquerait que dans quelques rares cas de maladies incurables, pour avouer finalement que ce droit sera en réalité peu encadré", indiquent-ils dans cette lettre, avant d'ajouter: "Assumer la stratégie revendiquée de ceux qui comptent, chaque année, demander à étendre progressivement le champ d’application de la loi pour permettre, demain, l’euthanasie ou le suicide assisté des mineurs, des personnes malades d’Alzheimer, etc."

À l'inverse, ils estiment que "l’espérance n’est pas morte" et précisent: "Nous croyons que l’amitié qui tend la main pour vivre jusqu’à la dernière seconde entretient la paix de celui qui meurt comme de celui qui l’accompagne."

Des unités de soins palliatifs insuffisantes?

Ils demandent aussi un renforcement de l'accès aux soins palliatifs, alors que, d'après eux, "ils sont inaccessibles dans plus d'un département sur quatre". D'après nos confrères de Franceinfo en mars 2024, 22 départements, dont le Gers, la Creuse ou encore la Mayenne, ne disposent pas d'unité de soins palliatifs.

"Dans ces unités de soins palliatifs, des femmes et des hommes qui demandaient à mourir changent d’avis, parce qu’ils sont regardés non pas comme des 'presque morts', mais comme des 'toujours vivants' à écouter, à soigner, à soutenir et à soulager dans leurs douleurs et leurs angoisses", ajoutent les évêques.

Ils appellent donc les députés et les sénateurs à s'opposer à ce texte. "Cela créerait les conditions d’un crime contre la dignité, d’un crime contre la fraternité, d’un crime contre la vie", concluent-ils.

Un vote d'ici à 2027

Les députés avaient entamé le 12 mai l'examen en première lecture des deux textes, portés par Annie Vidal (Renaissance) et Olivier Falorni (groupe MoDem). Pour le premier comme pour le second texte, les députés sont restés relativement proches de la version proposée à leur examen.

Le vote mardi constituera une étape décisive dans le parcours tortueux de ce nouveau droit. Dans un entretien à La Tribune Dimanche, Catherine Vautrin, ministre de la Santé, a dit espérer que ce texte soit examiné au Sénat cet automne, avec un retour à l'Assemblée nationale début 2026. Objectif pour la ministre: "Que le texte soit voté d'ici à 2027."

Astrid Bergere avec AFP