Crack à Paris: une trentaine d'élus de Seine-Saint-Denis interpellent le Premier ministre

Stéphane Troussel en février 2019 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Une trentaine d'élus locaux ont écrit mardi au Premier ministre Jean Castex pour dénoncer le "mépris" ressenti par la Seine-Saint-Denis après le déplacement de toxicomanes à la lisière de ce département pauvre, lui demandant de prendre "les mesures qui s'imposent".
"Nous condamnons fermement le choix qui a été fait par M. le ministre de l'Intérieur et le Préfet de police de Paris de déplacer le problème vers la Seine-Saint-Denis - comme c'est malheureusement trop souvent le cas - au plus grand mépris de ses habitants qui ont tout autant droit à la sérénité que les autres", écrivent les signataires dans cette lettre ouverte.
36 élus de gauche comme de droite
Parmi les 36 maires, députés et sénateurs issus de gauche comme de droite, figurent le président socialiste du Conseil départemental Stéphane Troussel, ainsi que Bertrand Kern maire PS de Pantin et Karine Franclet maire UDI d'Aubervilliers.
Lors d'une opération menée vendredi à Paris, une cinquantaine de toxicomanes ont été déplacés de leur précédent lieu de regroupement, pour soulager les riverains excédés, vers un square de la Porte de la Villette. Ils errent désormais près du périphérique qui entoure la capitale, mais à proximité directe des 12.000 habitants du quartier populaire des "Quatre Chemins" à cheval sur ces deux villes.
Un mur, censé éviter le passage des usagers du crack vers la banlieue, a été construit dans la foulée sur ordre de la préfecture de police afin d'obstruer un tunnel. Il suscite depuis l'indignation des riverains, qui y voient un "mur de la honte".
Le choix du département critiqué
"La Seine-Saint-Denis ne saurait être en permanence le lieu de concentration de toutes les difficultés en Ile-de-France. Pourquoi avoir choisi cet endroit alors qu'il en existe d'autres, aux configurations similaires, dans l'Ouest parisien par exemple ?", s'interrogent les élus, qui demandent à être reçus à Matignon.
Ils demandent que l'État trouve "une solution pérenne de prise en charge médicale et sociale" face à la "détresse" des toxicomanes, se disant prêts à "apporter leur contribution". Depuis plus de 30 ans, les usagers, et donc l'offre, de crack à Paris ont été déplacés à plusieurs reprises, restant toutefois localisés dans le nord-est parisien.